ÉTAT DES LIEUX. Le mal-logement s'accroît en Europe et touche fortement les plus jeunes selon le 9ème rapport de la Fondation Abbé Pierre et de Fédération européenne des organisations nationales travaillant avec les sans-abri (Feantsa).
"Dans cette région parmi les plus prospères du globe, environ 400.000 mineurs vivent à la rue ou dans des centres d'hébergement, plusieurs millions sont victimes du mal-logement", déplorent Freek Spinnewijn, président de la Feantsea et Christophe Robert président de la fondation Abbé Pierre. Cela ressort de la 9ème édition du "Regard sur le mal logement en Europe", présentée le 19 septembre 2024.
L'ampleur du mal prend des proportions inquiétantes s'agissant des enfants et adolescents. Les deux organisations estiment que 4,5 millions d'enfants vivent dans des logements en mauvais état, cinq millions de familles avec enfants sont en situation de précarité énergétique et qu'un mineur sur quatre vit dans un logement surpeuplé. "Qu'ils et elles soient à la rue, pris en charge dans des structures d'accueil, temporairement hébergés à l'hôtel ou contraints de vivre dans des abris de fortune ou des logements surpeuplés, ces enfants sont privés des conditions de vie qui leur permettraient de grandir dignement".
En France, +29% d'enfants qui dorment dans la rue en un an
En France aussi les chiffres du mal logement qui frappe les plus jeunes soulèvent le cœur : 15,8% des enfants vivaient dans un logement surpeuplé en 2023, soit 10% de plus sur un an. Un mineur sur cinq habite un logement insalubre. En dix ans, la part de ménages pauvres avec enfants habitant un logement insalubre a progressé de 65%. Un habitat insalubre, dégradé ou surpeuplé ou pire pas d'habitat du tout compromettent la santé physique, mentale et bien sûr la réussite éducative des enfants.
L'objectif de "zéro enfant dans la rue" claironné par le gouvernement en novembre 2022 à l'issue d'un comité interministériel à l'enfance est loin d'être atteint : le nombre d'enfants contraints de passer la nuit dehors a augmenté de 29% entre 2022 et 2023 en France. Et les chiffres sont pires pour les enfants de moins de six ans.
L'Europe veut traiter la crise du logement
Les deux organisations lancent donc une fois de plus un appel aux gouvernements et aux collectivités locales à lutter contre le sans-abrisme et pour produire des logements sociaux ou abordables à destination des familles. Un motif de réjouissance tout de même pour la Fondation Abbé Pierre et la Feantsea, la stratégie de la nouvelle Commission européenne 2024-2029 devrait accorder plus d'importance au logement : plan européen pour le logement abordable et durable, doublement de financements disponibles pour le logement abordable..." Toutefois ces annonces encourageantes ne suffiront pas, préviennent-elles. "Il faut repenser collectivement et intégralement notre approche du logement comme droit fondamental". Un sacré défi pour les institutions européennes qui débutent leur nouveau mandat !