Le promoteur du gigantesque centre commercial et zone de loisirs EuropaCity (Gonesse) se dit prêt à renoncer au snowpark indoor qui suscite l'hostilité d'associations de défense de l'environnement. Un des nombreux ajustements jugé nécessaire pour faire aboutir le projet. Mais sera-t-il suffisant ?
Le projet EuropaCity n'en finit pas d'évoluer. Annoncé en 2012, il prévoit la création d'une immense zone commerciale et de loisirs dans le Triangle de Gonesse, au nord de Paris, à l'horizon de 2024. Mais la démesure de l'entreprise (230.000 m² de surface commerciale sur un terrain de 80 hectares) suscite une opposition certaine. Le maître d'ouvrage, Immochan (filiale d'Auchan) associé pour l'occasion au conglomérat chinois Wanda, annonce qu'il est prêt à reconsidérer l'implantation de pistes de ski artificielles : "Le parc des neiges ne sera réalisé qu'à la condition de la démonstration de sa conformité à l'ambition environnementale du projet". Il était prévu que plusieurs pistes intérieures soient construites, ainsi qu'une piste de luge et même une cascade de glace dédiée à l'escalade. Une débauche de moyens digne des Emirats que ne goûtaient pas les défenseurs de l'environnement, qui prônent plus de sobriété, y compris énergétique. La région Île-de-France elle-même, bien que favorable à l'implantation du complexe, émettait quelques réserves sur "la présence d'infrastructures qui pourraient être perçues comme somptuaires" qui devrait "être évaluée avec soin", tout comme le "caractère soutenable en matière d'environnement".
A l'heure d'Internet, les centres commerciaux rivalisent en effet d'offres de loisirs pour attirer les clients dans leurs allées. Outre le snow park en sursis, EuropaCity prévoit de se doter d'un parc aquatique et de salles de spectacles. Autre exemple, Ikea, qui s'implantera à Caen en 2018, proposera un centre de loisirs s'étalant sur 8.000 m² avec bowling, vague artificielle et même un lac transformable en patinoire l'hiver.
Trop grand, trop cher ?
à lire aussi
Dans le nord parisien, le projet de Gonesse est considéré comme "un nouveau quartier du Grand Paris", s'étalant sur 80 hectares de terres agricoles non habitables, entre les deux aéroports de Roissy et du Bourget, soit l'équivalent d'une centaine de terrains de football. Le promoteur mettait en avant la création de 12.000 emplois "en phase d'exploitation", chiffre revu à la baisse par un expert indépendant, qui chiffre aujourd'hui ces créations à 10.100 emplois dont 7.400 à 8.100 créations nettes. Car l'implantation d'un quartier commercial de cette ampleur - il s'agit du plus grand investissement privé en France depuis la construction de Disneyland Paris à Marne-la-Vallée en 1992 - ne se fera pas sans impact sur les autres centres commerciaux de la région. Ce à quoi le maître d'ouvrage répond que les espaces seront développés par étapes "afin de limiter les effets de concurrence".
L'apparence même du projet, imaginée par l'architecte danois Bjarke Ingels (BIG) comme des collines artificielles aux toitures végétalisées organisées autour d'une vaste place centrale, devra évoluer. Le représentant d'EuropaCity a précisé que l'agence travaillerait "avec d'autres architectes" pour "ouvrir la forme", "donner une impression de ville, de quartier, pas d'un bâtiment unique de bout en bout" afin "d'accrocher le lieu à son environnement". Dans un rapport commandé par le ministère du Logement, il était souligné la nécessité "d'écarter tout risque de 'ville privée, facteur de fragmentation et de tension sociales". Le rapport concluait : "Il semble que même si le projet EuropaCity revenait à une dimension plus modeste, l'ensemble des problèmes soulevés, notamment lors du débat public, resterait identique". Rappelons deux chiffres à mettre en parallèle : le budget de l'opération, 3,1 Mrds €, et le nombre de visiteurs annuels attendus, de 31 millions de personnes.