Plus le secteur de la construction se porte bien, plus il accuse un nombre croissant de dépôts de bilan et autres défaillances d’entreprises. Mais pour la société d’assurance-crédit Euler Hermes SFAC, cette sinistralité - qui touche surtout les artisans et PME - est avant tout structurelle.

D’abord un constat positif, même si ce n’est plus une surprise : en 2004, la croissance dans le secteur du BTP est au rendez-vous avec une hausse de la production en volume de 2,2%, à 127 milliards d’euros et de 6,6% en valeur. Ces bons chiffres s’expliquent notamment par la très bonne santé du logement qui se traduit par environ 360.000 mises en chantier.
Par ailleurs, malgré un fléchissement de la croissance en France dont le PIB est prévu à 2% en 2005 après 2,2% en 2004, l’investissement dans le logement restera soutenu avec une augmentation de +3,4% en 2005 (après +3,7 en 2004) prédit l’assureur-crédit. "Plusieurs facteurs contribuent à la bonne santé du secteur" explique Philippe Brossard, directeur de la recherche. "En 2005, la Banque Centrale Européenne devrait maintenir ses taux directeurs à 2% et les taux obligataires devraient rester aux alentours de 4. D’autre part, les avantages fiscaux du secteurs - loi Robien et TVA à 5,5% maintenue jusqu’à fin 2005 - ainsi que le prêt à taux zéro ne devraient pas être remis en cause" poursuit-il.

Tous ces facteurs positifs contribuent à la bonne tenue du secteur, même si la hausse des prix commence à devenir un frein sérieux, en particulier pour les primo accédants. Selon l’assureur crédit, l’activité du secteur du BTP sera en augmentation de 2,9% en volume, après 2,2% en 2004. En valeur, la production augmentera de 6,6% (contre +2,7% en 2003) essentiellement en raison d’une forte hausse des prix. "Elle explique les deux tiers de la hausse du chiffre d’affaires dans le secteur" commente Yann Lacroix, du département études sectorielles. Dans l’ensemble, les cours des matières premières devraient toutefois se détendre en 2005, prédit Euler Hermes SFAC. Rappelons qu’en 2004, la hausse de l’acier culmine 80%, celle du cuivre à 60% et celle du propylène à 31,4%.

Globalement, les perspectives 2004-2005 sont donc bonnes, mais paradoxalement, le secteur de la construction se caractérise par une sinistralité élevée avec 9.813 faillites en 2003 comme sans doute en 2004, 7.866 en 2002 et 8.581 en 2002.

Dans le même temps, et paradoxalement, les défaillances d’entreprises de BTP continuent de progresser avec 9.813 faillites en 2003 (2004devrait être similaire), 8.581 en 2002, et 7.866 en 2001.
Les experts de Euler Hermes SFAC expliquent que ce fort taux de sinistralité est avant tout structurel : le secteur du BTP étant à 93% composé d’entreprises de moins de 10 salariés.
"La surchauffe de l’activité peut rapidement s’avérer dangereuse, avec des tensions sur le recrutement, la trésorerie, les marges des nouvelles commandes. Les chefs d’entreprise sont souvent des techniciens, pas des gestionnaires" constate-t-on chez Euler Hermes SFAC.
L’augmentation du nombre de créations d’entreprises (16% sur les 12 derniers mois glissants en octobre 2004) participe également à la multiplication des défaillances : la moitié des créations disparaissant dans les 5 ans.
Autant de facteurs qui font qu’en 2004 et 2005, les défaillances - tout comme le niveau d’activité du secteur du BTP - devrait continuer à progresser.

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