Selon le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Alan Greenspan, le boom phénoménal du secteur de l'immobilier aux Etats-Unis devrait connaître une certaine accalmie.

«A plus court terme, le boum de l'immobilier va inévitablement se calmer. Dans ce processus, le rythme des ventes de logements va décliner de ses niveaux historiquement élevés, tandis que la hausse des prix va ralentir et que les prix pourraient même baisser», a déclaré Alan Greenspan lors d'une réunion à Jackson Hole (Wyoming, ouest).
De ce fait les ménages dégageront moins de richesse de leur maison et cela va faire fléchir «une partie de la vigueur de la consommation», a-t-il averti dans son discours diffusé par avance à Washington.

Si, selon le président de la centrale, les estimations sur l'ampleur de ce phénomène varient amplement, il a cependant estimé que le processus pourrait avoir pour effet d'améliorer la position extérieure des Etats-Unis, étant donné la corrélation élevée qui existe entre l'enrichissement dû à l'immobilier et le déficit commercial américain.
«La fin du boom immobilier pourrait induire une augmentation importante du taux d'épargne des ménages, une baisse des importations, et une amélioration concomitante du déficit des comptes courants», selon lui. Et d'ajouter : «La difficulté de ces ajustements dépendra du degré de flexibilité économique que nous et nos partenaires commerciaux maintiendrons, et j'espère développerons, dans les années à venir».
Le président de la Fed, qui participe pour la dernière fois au symposium de politique monétaire de Jackson Hole avant son départ à la retraite en janvier, avait déjà mis en garde la veille contre le «déséquilibre» du boom immobilier.
Il s'est de nouveau dit convaincu que la banque centrale allait, après son départ, devoir se pencher de plus en plus sur l'évolution du prix des actifs ? immobiliers, boursiers ou obligataires ? pour mener sa politique monétaire.
«Etant donné notre degré de connaissances, je vois mal comment les banques centrales pourraient avec succès fixer des objectifs pour les prix des actifs dans un avenir proche. Mais je n'exclus absolument pas que les travaux futurs puissent améliorer notre compréhension de l'évolution des actifs, et ainsi notre politique monétaire», a-t-il affirmé.
L'une des critiques récurrentes faites à Alan Greenspan à quelques mois de son départ est de ne pas avoir du empêcher la formation ni l'éclatement de la bulle Internet en 2000, et d'avoir commis la même erreur aujourd'hui face au boom de l'immobilier. Certains jugent aussi qu'une «bulle obligataire» menace de se former et que la Fed est impuissante à la réduire.
Alan Greenspan a aussi mis en garde son successeur sur les «nombreuses incertitudes» qui l'attendent, notamment du fait du développement des innovations technologiques qui «entraînent un changement rapide et ainsi des incertitudes considérables sur les marchés dans le monde».
L'un des grands défis pour la Réserve fédérale sera le vieillissement de la population. «La politique monétaire ne peut pas ignorer les risques de tensions inflationnistes inhérentes à nos perspectives budgétaires, notamment celles qui pourraient découler des engagements pris envers les futurs retraités», a-t-il estimé.
Cependant, «je suppose que ces déséquilibres se résoudront avant qu'il ne faille faire des choix douloureux, et, sinon, que la Fed résistera à la tentation de monétiser les futurs déficits budgétaires», a-t-il ajouté, en se référant à l'expérience acquise dans les années 1970 sur les dangers de l'inflation. Et de conclure : «Je suppose que notre objectif continuera d'être le maximum de croissance économique avec pour corollaire la stabilité des prix».

actionclactionfp