FLOU. D'après un courrier du ministère de l'Intérieur adressé aux préfets, le Gouvernement souhaite que les chantiers de construction soient maintenus, malgré la mise en confinement. Les professionnels du secteur, qui ont demandé un arrêt provisoire des opérations, sont déboussolés.

Ce petit message du ministère de l'Intérieur, dont Batiactu a pu obtenir une copie, est formel : le Gouvernement souhaite que, malgré le confinement, les chantiers continuent de tourner. D'après ce texte daté du 17 mars 2020, diffusé auprès des préfets, signé par le ministre Christophe Castaner, "il est bien évidemment admis que les personnes qui exercent une activité qui les oblige à se déplacer (les livreurs par exemple) ou à travailler en extérieur (chantiers de bâtiment et des travaux publics notamment) doivent la poursuivre". Seule condition indiquée : que chaque salarié possède un exemplaire de la fameuse attestation de déplacement dérogatoire (disponible en cliquant ici). Les pouvoirs publics souhaitent ainsi que l'activité économique reste significative en France, assurant qu'en Italie, malgré les mesures de confinement, "l'économie fonctionne presque à la hauteur de ses capacités habituelles". "Il est impératif que la vie économique de la nation soit la momins impactée possible par la gestion de cette crise sanitaire", assure Christophe Castaner.


Trop de complexité à gérer sur le terrain

 

Le désaccord entre les pouvoirs publics, et les organisations professionnelles du BTP est ainsi net. La Fédération française du bâtiment (FFB), la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) ont effectivement demandé le 17 mars un arrêt provisoire des chantiers, estimant que la situation était trop complexe à gérer sur le terrain, notamment en ce qui concerne la protection de la santé des travailleurs durant leurs trajets et leur journée de travail (par exemple, respecter le fait de maintenir 1,50 mètre entre chaque personne). Plusieurs sociétés regrettent également d'avoir vus certains de leurs salariés interpellés par les forces de police et empêchées d'aller travailler - la note du ministère de l'Intérieur étant ici censée donner le 'la' et éviter ce type de situations. D'autres entreprises souhaiteraient une directive claire de la part de l'État, dans la mesure où elles ne souhaitent pas arrêter de leur plein gré leur activité, alors que des concurrents directs ne le feraient pas.

 

 

Le fait de continuer les chantiers pose également question au vu de récentes annonces comme la suspension des chantiers du Grand Paris express et de Notre-Dame de Paris, la fermeture de nombreux négoces et d'entreprises de la construction comme Ramery, Charié ou Legendre. Le Syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage (Seddre), contacté par Batiactu, a ainsi assuré qu'il conseillait à ses adhérents de stopper les chantiers de désamiantage. "Les conditions de travail sur ce type de chantier, parfois assez confinées, ne permettent pas de respecter les distances minimales de sécurité entre les intervenants", nous explique Nathanaël Cornet-Philippe, délégué général.

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