Comment s'attaquer à la pénurie de foncier dans les agglomérations tout en contribuant à renflouer les caisses de l'Etat ? Le ministre de l'Equipement, Gilles de Robien, semble avoir trouvé la solution en vendant des "milliers d'hectares en jachère" appartenant à l'Etat.

Le ministre de l'Equipement doit recevoir prochainement un rapport sur les terrains constructibles que ses services et certaines entreprises publiques (RATP, SNCF) seraient susceptibles de céder, pour construire des logements neufs afin de tenter de résoudre la pénurie de foncier dont souffrent de nombreuses agglomérations.

Ce rapport sera remis "dans les jours qui viennent", a indiqué le ministre de l'Equipement Gilles de Robien, dans un entretien à paraître dans l'hebdomadaire Le Revenu.
"On verra ce qui peut être mis sur le marché dans le cadre de procédures de cession accélérées. Ces milliers d'hectares en jachère permettront de dynamiser ce marché du foncier", a-t-il expliqué.

Le ministre avait confié en février dernier la rédaction de ce rapport à Pierre Pommellet, ancien directeur général de l'ANAH (Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat).

Suite à des décennies de fièvre bâtisseuse, la France manque en effet de terrains à construire, surtout autour des grandes villes, et la tendance va en s'aggravant.
"Depuis 1945 les grands efforts de construction ont raréfié les terrains facilement constructibles. Du coup, depuis 10 ou 15 ans, on s'est tourné vers les terrains plus difficiles à bâtir, ce qui entraîne des coûts d'aménagement plus élevés, ou des problèmes en matière de risques naturels", explique à l'AFP Vincent Melgoso, responsable de la Confédération Générale du Logement en Haute-Garonne.

L'idée semble trouver un écho favorable du côté des entrepreneurs. "Cette démarche sera positive pour peu que les maires aient la volonté de concrétiser les projets", estime ainsi Marc Pigeon, président de la Fédération nationale des promoteurs-constructeurs, qui a été consulté par M. Pommellet.
"J'espère que les terrains qu'il aura recensés permettront de construire des zones qui soient de vrais cadres de vies, avec en plus de la mixité sociale une mixité de bâtiments : immeubles collectifs, maisons, bureaux, commerces...", défend-t-il.

Certaines communes jouent déjà le jeu. C'est le cas de la ville de Montélimar qui, en janvier 2003, devient propriétaire de la caserne Saint-Martin, désaffectée depuis le départ de l'armée en 2000, dans le but d'en faire un nouveau quartier. L'enjeu est de taille puisque ce site historique de 8 hectares représente 1/5e de la ville. Logements, équipements culturels, maison de retraite... pour créer ce quartier, la ville a lancé plusieurs marchés de définition et fait plancher trois équipes d'architectes (Wilmotte, agence TER et Henri E Tahtagian). Leur travail sera d'ailleurs présenté aux habitants à la fin du mois.

Mais pour Vincent Melgoso, tout n'est pas si rose. "Je ne pense pas que vendre les terrains des administrations ou des entreprises publiques soit une bonne solution en général", explique-t-il. Nombreux sont ceux qui, comme lui, pensent que cela reviendrait un peu à "céder les bijoux de famille" de l'Etat ou du secteur public, car "ces terrains pourraient encore servir dans l'avenir".
"Il y a encore de la place en France", explique-t-il, "mais souvent les communes n'ont pas la volonté de classer les terrains en zone constructible, ou n'ont pas les moyens de les équiper que ce soit en réseaux ou en services publics".

"Quant à la pénurie de foncier en Ile-de-France, je ne crois pas qu'on puisse trouver beaucoup de terrains à bâtir", pense-t-il, à moins de construire en hauteur ou de bâtir sur des espaces verts. Il serait préférable de favoriser la construction dans les autres régions qui sont moins saturées", assure M. Melgoso.

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