ÉVOLUTION. Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est en phase de rénovation. Et la future mouture du texte devrait notamment privilégier l'énergie finale par rapport à l'énergie primaire, d'après des propos tenus récemment par l'administration.

Les contours du prochain diagnostic de performance énergétique (DPE) devraient être parfaitement connus au premier trimestre 2020. Mais l'administration a distillé quelques informations, par la voix d'Olivier David, chef de service du climat et de l'efficacité énergétique à la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC). Il s'est exprimé le 3 décembre 2019 dans le cadre d'un colloque de l'Union française pour l'électricité (UFE). "Le DPE doit constituer un vrai guide pour l'ensemble des usagers souhaitant connaître leur consommation", a-t-il rappelé. "Nous devons pouvoir mesurer le DPE avant et après une intervention de manière à connaître de façon réelle les économies d'énergie."

 

Nouvel avantage compétitif pour l'électricité ?

 

L'administration souhaite notamment raisonner en énergie finale, c'est-à-dire tenir compte uniquement de celle qui est effectivement consommée par l'utilisateur. Et non pas en énergie primaire. Une décision qui, selon certains acteurs comme l'association Amorce, avantage l'énergie électrique, plombée au niveau de l'énergie primaire par son coefficient de conversion de 2,58 (qui devrait être baissé à 2,3 avec la future réglementation environnementale 2020).

 

 

"C'est l'énergie finale qui est importante pour l'usager, savoir combien il consomme d'énergie et combien il la paie, avec une étiquette énergie assez claire", estime Olivier David. Il pourrait être considéré dans le futur DPE que les F et G sont des passoires thermiques, l'objectif 2050 étant de ramener le parc à du A ou du B (la transition de C vers B constituant pour ainsi dire la charnière du dispositif). "Nous devons par ailleurs décarboner l'énergie que nous consommons et ainsi sortir du fioul et du gaz naturel d'ici 2050, notamment dans le domaine du bâtiment."

 

"La transition énergétique se fera avant les 30 prochaines années"

 

Ces propos ont été tenus dans le cadre d'une table ronde où plusieurs acteurs se sont interrogés sur les moyens de structurer au plus vite une filière de rénovation énergétique efficace. "Elle existe déjà, cette filière", a assuré Emmanuel Gravier, président de la Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique (FFIE). "Les énergéticiens font un boulot formidable, il y a aussi un gros travail des installateurs que nous représentons, nous prenons des tournants incroyables dans la manière de monter en compétences." Seules limites à cette dynamique : le besoin de main-d'œuvre qualifiée, la visibilité sur les aides financières et la volonté d'investir des agents économique, pas toujours au rendez-vous. "La transition énergétique et numérique se fera avant les trente prochaines années", a-t-il également assuré. "Tout va très vite aujourd'hui, on le voit sur le terrain. Dès que les capacités d'investissement sont là, nous réalisons des installations avec des technologies incroyables, du numérique, des énergies renouvelables. Nous vivrons une sacrée révolution avant 2050 !", a-t-il assuré, enthousiaste.

 

Faut-il exiger une garantie de résultats sur les travaux ? Pour la FFIE, ce n'est pas nécessaire au vu de l'évidente performance des technologies installées. Mais Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable, trouve l'idée intéressante. "Un travail majeur doit être mené si nous voulons passer à la massification", a-t-il affirmé. "Il nous faut lutter conte l'éco-délinquance, mais cela ne suffit pas. Nous devons aussi avoir une offre de services sérieuse, groupée, accompagnée de garantie que les promesses des travaux seront bien réalisées."

 

Les Français déjà sensibilisés à la dimension carbone

 

Cela serait d'autant plus important que le 'Français moyen' serait en réalité beaucoup plus mûr sur le sujet que ce que l'on peut imaginer. C'est du moins ce qui est ressorti de la convention citoyenne pour le climat, qui bûche un week-end sur deux sur les questions de rénovation énergétique. Philippe Pelletier a pu y assister. "Les personnes présentes trouvent que de se limiter à l'efficacité énergétique, sans prendre en compte le carbone, c'est trop court", assure-t-il, reconnaissant d'ailleurs que le plan de rénovation énergétique des bâtiments n'avait pas assez tenu compte de l'aspect environnemental. "Les citoyens nous alertent également sur la question de la confiance : nous pouvons mettre à leur disposition toutes les aides possibles et imaginables, s'ils n'ont pas confiance fondamentalement dans ce qui leur est proposé, ils ne se mettront pas en route."

 

La France ne serait pas en pointe en matière de prise de risque et d'investissement, ajoute Emmanuel Gravier. Qui rejoint Philippe Pelletier sur l'idée que l'offre doit être soignée, portée par des professionnels qui puissent parler aux clients de ce qu'ils vont gagner effectivement grâce aux travaux.

 

Enfin, Olivier David, questionné sur les certificats d'économie d'énergie (CEE), les a qualifiés de "grand outil de l'efficacité énergétique de l'ensemble des filières, dont celle du bâtiment". Il note un souci 'carbone' de plus en plus marqué dans les diverses opérations engagées, portées par les CEE, notamment les fameux 'coups de pouce'. Et, comme Batiactu l'avait dévoilé en octobre dernier, l'État va d'ailleurs lancer une nouvelle opération de ce type portant sur les copropriétés. Olivier David en a dit un peu plus. "Il s'agira d'une aide extrêmement substantielle qui pourra être versée à la copropriété dans son ensemble, avec des objectifs de performance, dans le cadre d'une rénovation globale."

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