Un artiste et inventeur californien développe, depuis plusieurs années, un concept d'utilisation du mycélium (la partie racinaire des champignons) pour construire des éléments d'intérieur. Le procédé, relativement simple, est peu gourmand en ressources, tandis que le matériau présente des caractéristiques intéressantes. Découvrez lesquelles.
Et si les fourmis avaient tout compris en faisant pousser des champignons dans leurs fourmilières ? C'est ce que semble croire Phil Ross, un spécialiste américain des biomatériaux, qui a même développé la "mycotecture", croisement entre l'architecture et… le mycélium, la partie végétative filamenteuse des champignons. Selon lui, tout ce qui nous entoure - et en particulier les matériaux composites et plastiques - pourrait être remplacé par des éléments biologiques produits par ces organismes particuliers. Il envisage donc des applications variées dans l'industrie automobile, l'aérospatiale, la confection et même la construction.
D'autres sociétés américaines, comme Ecovative Design, avaient envisagé d'utiliser la culture contrôlée des champignons pour produire des panneaux isolants. Car le mycélium grandit vite - plus que le bois - et se contente de peu. En retour, il produit un biomatériau facile à contenir dans des moules - ce qui élimine toute opération d'usinage ultérieure - résistant et léger. Organisé en filaments, il consomme les nutriments de son environnement pour constituer un réseau toujours plus dense. Une vidéo de la société MycoWorks, fondée par Phil Ross, montre en quelques étapes, comment produire une brique organique à partir d'un échantillon de champignon prélevé dans la nature.
Léger, résistant et ininflammable
Le milieu de culture initial est un gel d'agar-agar, issu d'algues rouges. Le tissu fongique y est placé pendant quelques jours, pour que les filaments de mycélium se reconstituent. Rappelons que la partie consommable des champignons - le sporophore - n'a qu'une durée de vie limitée, alors que le mycélium reste vivace dans le sol pendant des années. Pendant ce temps, il est recommandé de préparer un deuxième milieu, à partir de déchets agricoles, de sucre, de nourriture pour chat et de boisson énergisante. Sur ce second substrat, le mycélium pourra prendre du volume sur une durée de 3 à 7 jours. La masse fongique, une fois retirée du récipient, est fractionnée en petit morceaux qui sont placés dans des moules aux formes variées. Les briques ainsi formées sont mises à sécher pendant une semaine. Durcies, elles sont placées dans un four classique, afin de tuer le micro-organisme : après cette dernière étape, les briques sont prêtes !
Phil Ross met en avant des caractéristiques de résistance, de capacité d'absorption des chocs et déformations plus grande que les parpaings ou le béton. Le matériau organique est également léger (moins dense que l'eau, il flotte), ininflammable, et il possède la capacité de fusionner avec lui-même en réalisant une soudure naturelle. De quoi produire des éléments d'intérieur (panneaux, tuiles, briques) mais aussi de l'ameublement. Les qualités structurelles restent encore à démontrer, mais la réalisation de composites avec du bois est une piste prometteuse sur laquelle MycoWorks travaille. De là à imaginer des maisons organiques qui pousseraient comme des champignons, il n'y a qu'un pas.
Léger
Résistant aux chocs
Biodégradable
Ininflammable
Aucun COV
Aussi performant que le polystyrène
Temps de fabrication relativement long pour que le mycélium se constitue
Solidité dans le temps ?