Le Chilien Alejandro Aravena, 48 ans, est devenu le 41e lauréat du prix Pritzker. Le jury a choisi un architecte qui « approfondit notre compréhension de ce qui est vraiment du grand design » et qui « incarne le renouveau d'un architecte plus socialement engagé ». Portrait.
Alejandro Aravena semble discret. Pourtant, sa reconnaissance est mondiale. Lion d'Argent à la 11e Biennale de Venise, prix Marcus en 2010, prix Avonni également, il a même fait partie du jury du prix Pritzker. Prochainement, il officiera en tant que président de la 15e édition de la Biennale d'architecture de Venise, qui se tiendra du 28 mai au 27 novembre 2016.
Reconnu pour son travail envers les plus démunis, cherchant sans cesse à réduire l'écart entre l'architecture et la société civile, Alejandro Aravena mise sur la conception durable pour reloger les populations les plus pauvres. Son credo, et celui de sa société Elemental - un 'do tank', en opposition au think tank, affilié à l'Université de Santiago, Chili - est de « faire plus avec les mêmes moyens ». Soit utiliser des ressources limitées et l'exploitation de la ville comme une source de richesse pour les pays en développement.
L'équité et l'égalité, ses deux leitmotivs
Pour lui, l'habitant est au cœur du processus créatif. Les principes qui le guident pour mettre en œuvre ses projets urbains d'intérêt social : « penser et construire de meilleurs quartiers est indispensable si l'on veut que le développement casse le cercle vicieux de l'inégalité » ; « pour que l'habitat soit facteur de progrès, les projets doivent être menés sous les mêmes conditions politiques et de marché que les autres » ; « faire de ces logements un progrès social et non une simple 'dépense' de plus et améliorer ainsi la qualité de vie dans les villes chiliennes ». Et c'est là toute la force d'Elemental : optimiser le bâti et les coûts sans que la qualité du logement proposé s'en ressente. A l'image du projet d'Iquique présenté lors du Prix de l'architecture durable en 2008 où les habitants ont eu eux-mêmes à résoudre une partie du problème…
Alejandro Aravena est notamment connu pour les "tours siamoises" de l'université catholique du Chili (2005), son école d'architecture (2004), sa faculté de médecine (2004) et de mathématiques (1999).
Premier lauréat chilien
Dans un e-mail, l'architecte a exprimé sa joie d'avoir reçu ce prix : « Avec le recul, nous nous sentons profondément reconnaissant. Aucune réalisation n'est individuelle. L'architecture est une discipline collective. Donc, nous pensons, avec gratitude, à toutes les personnes qui ont contribué à donner forme à une grande diversité des forces en jeu. En regardant l'avenir, nous prévoyons la liberté ! Le prestige, la portée, le poids du prix sont tels que nous espérons utiliser son élan pour explorer de nouveaux territoires, de nouveaux défis, et explorer de nouveaux champs d'action. Après un tel pic, le chemin n'est pas écrit. Donc, notre plan est de ne pas avoir de plan face à l'incertitude, être ouvert à l'inattendu. Enfin, en regardant l'heure actuelle, nous sommes juste submergés, extatiques et heureux. Il est temps de célébrer et partager notre joie avec autant de personnes que possible. »
Alejandro Aravena recevra officiellement son prix, doté de 100.000 dollars, le 4 avril prochain, à New York, au siège des Nations Unies dessiné par un de ses illustres prédécesseurs, Oscar Niemeyer.
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