Michel Droin, représentant la FFB au PTNB, déclare : "Pour les artisans et les entreprises du bâtiment, le BIM c'est un peu un mythe. Il n'était connu que d'un petit nombre d'initiés au début. Mais depuis un an, c'est l'avalanche médiatique. Et la très grande majorité des gens ne savent pas où ça commence et où ça finit…". Lui aussi insiste sur la nécessité d'impliquer l'ensemble des acteurs de la filière : "Il va falloir travailler davantage ensemble qu'auparavant. Toute la chaîne a l'opportunité de s'améliorer, d'être plus précise". David Morales, administrateur de la Capeb et membre du PTNB, partage cet avis. Interrogé sur la numérisation des produits de la construction, il analyse : "Il ne faut pas s'enfermer dans des boîtes desquelles on ne peut pas sortir. Il faut que les systèmes restent ouverts et accessibles à tous". Les besoins de renseignements seraient effectivement divers selon les acteurs. Frédéric Denisart lance même un appel aux industriels pour une concertation avec les utilisateurs quant à leurs attentes : "Demandez-vous ce que vous pouvez apporter, aux architectes et aux entrepreneurs, mais ne faites pas ce que vous savez déjà faire !". Si la nécessité d'objets génériques apparaît évidente pour l'ensemble de ces utilisateurs, notamment pour pouvoir "varianter" les projets et répondre à des appels d'offres sans mentionner de marques, elle apparaît en revanche comme un non-sens pour les industriels qui souhaitent mettre en avant leurs propres produits.
Lionel Blancard de Léry, architecte et vice-président de l'Unsfa, déclare : "La qualité d'une maquette numérique est la résultante de la qualité des objets BIM la composant". Chaque objet doit donc être associé à un dossier technique, un descriptif CCTP (cahier des clauses techniques particulières), des couleurs et matériaux, des performances et normes ainsi qu'à des prix. "Les industriels fournissent des matériaux mais ne font pas les projets", souligne Laurent Ortas, président de la commission BIM à l'AIMCC. Selon lui, le BIM est un lieu d'échange d'informations qui ne se limite pas à un assemblage de briques Lego®. "C'est d'abord le dessin de l'architecte, puis ensuite la traduction industrielle en vrais produits et systèmes qui le concrétise", rappelle-t-il. L'occasion donc pour les acteurs consommateurs de devenir prescripteurs en sollicitant les industriels. De quoi alimenter les débats autour de la norme PPBIM, en cours d'élaboration.