Géographiquement, ces sept grands groupes continuent de réaliser l'essentiel de leur chiffre en Europe. "L'internationalisation reste hétérogène", selon l'étude, qui distingue trois profils : les "très européens" (Eiffage, Strabag et Vinci) qui réalisent plus de 90 % de leur CA en Europe, les "internationaux" (Bouygues, Skanska et Balfour Beatty) dont l'activité européenne est supérieure à 55 % et le cas particulier, ACS, qui réalise plus de 60 % de son activité en dehors du Vieux continent, encore grâce à Hochtief, en Amérique et Asie-Pacifique.

 

Les grands groupes ont su ménager leurs marges, en ne concédant que de faibles reculs : ainsi, entre 2007 et 2011, la marge opérationnelle moyenne est d'environ 3,4 %, ne perdant que 0,9 point sur 5 ans, et la marge nette moyenne s'établit à 3 % (-0,7 % en 5 ans). Et les géants européens du BTP ont également su maîtriser la dégradation de leur structure financière, même si certains d'entre eux présentent une dette significative. Là encore, une certaine disparité existe entre les groupes présentant un ratio endettement net/fonds propres élevé (comme Eiffage et Vinci, en raison de leurs investissements dans les concessions, ou ACS en raison de ses acquisitions) et ceux qui présentent un ratio faible ou nul (Strabag, Skanska, Balfour qui ont eu parfois recours à des augmentations de capital).

 

Prudents pour l'avenir
Pour les années à venir, les majors se montrent plus prudents. "La crise des dettes publiques (des Etats comme des collectivités) se fera sentir avec une certaine hystérésis (persistance d'un phénomène économique alors que sa cause principale a disparu, NdlR) dans la prise d'affaires et le déficit de croissance générale pourrait affecter la solvabilité de la demande privée", prévient Mazars. Le contexte opérationnel pourrait être plus difficile à partir de cette année, une plus grande rareté des affaires entraînant une baisse conjoncturelle des prix et des marges. Mais des perspectives à plus long terme seraient plus propices : la demande dans le résidentiel est supérieure à l'offre dans des pays développés (France) et des pays émergents et la rénovation du parc ancien est un important relai de croissance. Les demandes d'infrastructures sont également significatives, dans les pays développés (Grand Paris) et les émergents. L'orientation des groupes vers des contrats globaux (conception-construction-entretien-facility management…) à forte valeur ajoutée permettra d'ajouter de la profondeur à leur carnet de commandes. "Cependant, le développement des PPP pourrait ralentir à cause de l'endettement des collectivités publiques", souligne l'étude. Enfin, les grands groupes pourraient s'orienter vers les marchés émergents où l'urbanisation va croissante, mais l'arrivée de la concurrence chinoise pourrait mener à d'âpres luttes.

 

Les sept leaders européens du BTP :
Vinci : 37 Mrds €
Bouygues : 32,7 Mrds €
ACS : 28,5 Mrds €
Eiffage : 13,7 Mrds €
Strabag : 13,7 Mrds €
Balfour Beatty : 13,2 Mrds €
Skanska : 10,9 Mrds €

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