Bouygues Construction a choisi le port de Marseille pour produire les caissons de béton qui serviront à ceinturer la future extension en mer de la Principauté. Un chantier d'exception qui utilisera notamment un dock flottant de préfabrication des éléments de 27 mètres de haut. Explications.
Malgré la rivalité (footballistique) entre les deux cités méditerranéennes, c'est bien sur Marseille que Monaco devra compter pour s'agrandir. Bouygues Travaux Publics (filiale de Bouygues Construction) a été retenu pour construire l'extension en mer, composée d'une ceinture de 18 caissons géants et de plusieurs remblais.
Et, pour produire les éléments en béton, l'entreprise a porté son dévolu sur le port de Marseille-Fos. Plusieurs conditions ont déterminé ce choix : outre la proximité géographique entre les deux villes (250 km environ), Marseille dispose de surfaces capables d'accueillir des installations terrestres et flottantes de grandes dimensions et les profondeurs d'eau sont suffisantes (avec plus de 22 mètres de fonds). Il est prévu que Bouygues TP occupe près de 22.000 m² de terre-pleins et plus de 79.000 m² de plan d'eau pendant près de 2 ans. La présence d'une centrale à béton Lafarge sur le port, dans les bassins Est, permettra d'alimenter en continu le chantier. Il faut également noter que le groupe de travaux publics utilisera également le terminal de vrac solide de Fos pour acheminer 1,56 million de tonnes de granulats jusqu'à la Principauté, qui seront extraits de la carrière Jean Lefebvre Méditerranée située à Châteauneuf-les-Martigues. Le premier port français louera donc d'importantes surfaces et ses équipes accompagneront Bouygues Construction pour la réalisation d'un certain nombre de prestations.
Christine Cabau-Woehrel, la présidente du directoire du port, déclare : "La disponibilité de nos espaces en bord de mer permet d'accueillir cette usine et ses 700 emplois directs et indirects, dont plus de 200 embauches. Ce chantier valorise aussi l'écosystème portuaire qui concentre, sur un seul site, les services et acteurs nécessaires à Bouygues Travaux Publics, centrale à béton, remorquage, services régaliens et techniques du port, marins-pompiers". De nombreuses entreprises locales sont - ou seront - mobilisées : Venathec (acoustique) et Géoenvironnement (étude d'impact) à Aix-en-Provence, Hydrogéotechnique à Saint-Victoret, Creocéan à La Seyne (bathymétrie et plongeurs), Géomines (pollution pyrotechnique) et D2M (conception) à Six-Fours, Grue Services à Aubagne, EGFF (installation électrique) à Rognac ou SARL Architecture STOA à Marseille. Et les carrières de l'Estaque et du Beausset seront également mises à contribution pour approvisionner l'usine à béton.
Une production à la chaîne d'icebergs de béton
La base de vie et le chantier de ferraillage seront installés dans le secteur de la forme n° 10, à l'avant-port Nord. Sur 11.900 m² de terre-plein, le groupe de TP déploiera les bureaux, cantonnements et parking du chantier, ainsi qu'un espace de stockage. L'installation vient de démarrer au mois d'avril 2017. La zone de fabrication proprement dite sera basée sur la digue du Large, au poste 123. Elle se décompose en espace de travail à quai (10.000 m²), pour les travaux préparatoires et le montage des coffrages des caissons, ainsi qu'une zone de 32.000 m² du plan d'eau où sera positionné le "caissonnier". Il s'agit d'un dock flottant de grandes dimensions (50 mètres de large, 27 mètres de haut) qui permettra de pré-fabriquer les caissons flottants de béton, un par un. La première phase de réalisation des radiers s'effectue hors d'eau, avec un coffrage glissant pour les 10 premiers mètres de voile. Puis, sous le poids du caisson, le pont s'enfonce progressivement dans l'eau, ce qui permet de finaliser le coulage. L'élément ainsi obtenu est mis en flottaison puis remorqué jusqu'à un porte suivant où seront réalisés les poteaux constituant le mur brise-vague. Les caissons terminés seront ensuite stockés à quai, dans le bassin Léon Gouret avant d'être acheminés par voie maritime jusqu'à Monaco. Les dragages et installation de pieux pour les grues interviendront rapidement, au cours du mois de mai, tandis que les pontons et le caissonnier ne seront livrés qu'en juillet-août, afin que la production puisse réellement démarrer en septembre.
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L'entreprise mobilisera trois équipes de production, afin de travailler en continu, sept jours sur sept, 24h/24. La fin de cette activité intense est prévue pour mars 2019. Le montant total de l'opération est évalué à 145 M€.