Un origami d'inox se déploie dans un parc boisé classé

 

En apparence, un escalier mécanique comme on peut en voir tant d'autres en zones urbaines. Oui, mais la prouesse, ici, tient à la fois dans l'aspect architectural de l'équipement que dans son intégration dans une zone boisée et protégée. Alessandro Mosca confie : "Nous avons proposé six tracés différents, mais avons toujours défendu un tracé en zig-zig qui viendrait s'épauler sur la topographie du terrain". Sans compter qu'il fallait aussi que le tracé puisse desservir toutes les allées du parc. C'est pourquoi, le projet est construit comme un parcours à travers le parc Rodin. "Mais pas question d'enfermer les gens dans un tube !", s'exclame Alessandro Mosca

Le moins de matières différentes possible

Or, avant de poser les 400 m2 que représente l'emprise du nouvel escalier, il a fallu aménager le terrain. Il y a eu un gros travail d'injection d'abord, car le site est composé de deux niveaux d'anciennes carrières, l'une de craie à 50 m de profondeur, et l'autre en surface, de calcaire remblayé. D'où la création de parois clouées recouvertes de gabions qui permettent de maintenir le coteau et de conforter les carrières profondes. De plus, elles servent à gérer par infiltration les eaux de ruissellement. Une fois posée cette structure en béton préfabriqué - une centrale à béton a été installée in situ - place au travail sur la marquise en inox qui forme la toiture de l'ensemble.

 

Il s'agit d'un système de plaques en inox qui se déplie le long des trois tronçons de l'ouvrage en béton froissé, choisi pour sa capacité à prendre la lumière et son entretien facile car on ne peut ni y dessiner ni y coller des affiches. Cet origami métallique offre ainsi une structure ouverte et porteuse de vues sur le paysage, laissant aussi la plus grande échelle au végétal, souligne l'architecte. "L'inox, ce n'était pas une évidence au départ, nous confie-t-il. Nous avons d'abord travaillé sur l'aluminium, mais nous avons trouvé une entreprise qui a un vrai savoir-faire. De plus, l'inox est une matière plus chaude que l'alu et elle sert autant de structure que d'habillage. Notre volonté était en effet d'user d'un minimum de langages en termes de matière".

Un écrin végétal de qualité

En proposant un équipement ouvert, "fort dans sa minéralité pour un meilleur dialogue avec le parc végétal", l'Atelier Mosca Architectes a su travailler de concert avec les paysagistes de DVA pour préserver au maximum le site boisé et classé du parc Rodin. Objectif : construire une recomposition paysagère et forestière du parc dont le secteur du projet était en friche depuis un certain temps. Ainsi, un principe d'étagement de la végétation a été adopté pour éviter tout sentiment d'enfermement lorsqu'on est sur l'escalier, via une alternance d'effets de clairière entre les plateformes et de voûte aux abords proches des plateformes.

 

Après 18 mois de travaux, ce projet qui répond à une réflexion sur le transport hectométrique, fait le bonheur des quelque 600 personnes qui l'empruntent chaque jour et qui ne mettent plus que deux minutes pour passer du boulevard Rodin aux tours des Epinettes. Une révolution !