Dolmen en béton et menhirs métalliques composent le nouveau temple de la culture bretonne. L’équipement, baptisé «Les Champs Libres», sera inauguré vendredi prochain par Christian et Elisabeth de Portzamparc, maîtres d’œuvre du bâtiment et de la muséographie.

Le 28 mars prochain, les Rennais auront «Champs Libres» : un nouvel équipement de 23.854 m2 dont l’idée fut semée… en 1992. Trois institutions y sont regroupées. D’abord le Musée de Bretagne qui retrace toute l’histoire de la région, du paléolithique à nos jours. Puis l’Espace des sciences, avec ses salles d’expositions et d’expérimentations tous publics. Enfin la bibliothèque qui peut accueillir 565 lecteurs sur cinq niveaux, et contenir près de 500.000 documents. Le coût global de l’opération est d’environ 100 millions d’euros.

«Mettre trois équipements en un a été un vrai casse tête à l’agence», se rappelle l’architecte Christian de Portzamparc, lauréat du concours en 1993. «On ne devait pas les fondre dans une grande boîte, mais plutôt les faire apparaître de manière lisible et autonome de l’extérieur», explique-t-il. Ainsi, «le musée est devenu une plaque horizontale décollée du rez-de-chaussée, perforée par l’Espace des sciences - volume conique dominé par son planétarium sphérique (99 places) - et par la bibliothèque - prisme pyramidal (35 m de haut) qui s’évase comme une corolle en montant vers le ciel». Le hall d’accueil marque la «rencontre des savoirs».

Trois équipements, trois matériaux, trois couleurs
Dès l’origine du projet, Christian de Portzamparc avait l’intention de différencier les matières et les couleurs des trois éléments du programme. La bibliothèque, sorte de menhir inversé, comporte une face vitrée et une face bardée de panneaux ondulés en aluminium laqué blanc. Pour l’Espace des sciences, l’architecte précise qu’«il fallait un matériau qui puisse couvrir à la fois le cône et la sphère». C’est donc les écailles de zinc pré-patiné sombre, anthracite, qui se sont imposées avec le plus de facilité. Elles rappellent les couvertures en ardoise des toits bretons.
Le musée, dont la physionomie évoque celle d’un dolmen, est habillé de panneaux en béton préfabriqué. Son aspect minéral s’approche d’un schiste rose. Le revêtement, réalisé en collaboration avec le sculpteur Martin Wallace, est fabriqué à l’aide de deux moules en élastomère. Les panneaux qui en ressorte comportent le même relief fissuré qu’une paroi de falaise. Les joints, aux lignes droites ou obliques, marquent les frontières de plaques tectoniques.




Un nouveau concept de muséographie
De son côté, Elisabeth de Portzamparc, a fait tomber les barrières de la conception scénographique d’un musée, en décloisonnant les 2.000 m2 de surface de présentation des oeuvres. «Habituellement, l’espace muséal est refermé afin de contrôler la lumière et les perspectives», explique l’auteur. «Ici, j’ai proposé un parcours ouvert, constitué de rues, de places et de petits bâtiments», poursuit-elle. Tous ces éléments dialoguent avec l’architecture intérieure des Champs Libres. Puisque «l’Espace des sciences et la bibliothèque sont comme des repères dans le paysage, au même titre qu’une montagne ou que la tour Eiffel», commente Elisabeth de Portzamparc. Elle ajoute que son style est «sobre et épuré pour que le contenant disparaisse derrière le contenu». L’essentiel étant d’établir «une promenade durant laquelle le visiteur puisse acquérir des connaissances avec plaisir», a-t-elle conclu.

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