LÉGISLATIVES 2024. Les résultats du premier tour des élections législatives anticipées, qui ont placé le Rassemblement national et ses alliés en tête, suivis par le Nouveau Front populaire, suscitent de nombreuses réactions. Les organisations patronales rappellent leurs propositions, quand les ONG environnementales veulent empêcher l'extrême-droite d'arriver en force à l'Assemblée nationale.

Il leur reste une semaine pour peser dans le débat public avant que les Français ne choisissent la nouvelle Assemblée nationale. Les résultats du premier tour des élections législatives anticipées ont placé le Rassemblement national (RN) et ses alliés en tête avec 33,15% des voix, suivi par le Nouveau Front populaire qui a recueilli 27,99% des suffrages. La majorité présidentielle sortante arrive loin derrière, avec 20,04%, tandis que les Républicains s'effondrent, à 6,57%.

 

 

Le paysage parlementaire qui commence à se dessiner augure donc de visions politiques très tranchées et antagonistes. Face à ce constat, les acteurs du secteur de la construction ont réagi auprès de Batiactu dès la publication des résultats. Les organisations patronales, pour leur part, analysent ce constat électoral tout en adressant une piqûre de rappel sur leurs propositions.

 

"Fossé" entre le Gouvernement et les entreprises

 

"Les résultats de ce premier tour des élections législatives sont la confirmation d'un vote sanction et non d'adhésion à l'encontre du gouvernement actuel. Ils sont aussi l'expression du mal-être de beaucoup de dirigeants de TPE qui se sont sentis délaissés et incompris tout au long de ces deux dernières années, voire depuis les Gilets jaunes", avance Marc Sanchez, le secrétaire général du SDI (Syndicat des indépendants et TPE).

 

Selon lui, "ces résultats sont l'opportunité de constater le fossé entre les analyses macro du Gouvernement et les réalités douloureuses vécues dans nos provinces". Quel que soit le verdict des urnes le 7 juillet au soir, le responsable assure que son syndicat "continuera à porter inlassablement ses propositions sur des sujets d'intérêt national touchant notre économie de proximité".

 

Des réformes "inappropriées"

 

Du côté des grands groupes, on explique que l'incertitude politique du moment freine "de nombreuses décisions d'embauches, d'investissements (…) ou d'opérations financières". Celle-ci s'ajouterait à la morosité économique ainsi qu'aux menaces géopolitiques, déstabilisant de fait les marchés financiers et renchérissant le coût du crédit.

 

"Je me garde ici d'exprimer une position électorale : le Mouvement des entreprises de France (Medef) n'en a ni la compétence, ni surtout la légitimité", souligne son président, Patrick Martin, dans une publication LinkedIn. "En revanche, il nous appartient de continuer à éclairer le débat sur la base d'arguments économiques objectifs, dans l'espoir que la rationalité économique sera mieux prise en compte", invitant les candidats en lice à prendre du "recul" sur la situation politique.

 

Le patron des patrons développe : "Notre économie, nos finances publiques, l'emploi et nos entreprises ont subi lourdement et durablement les effets de décisions antérieures immédiatement populaires mais inappropriées : nous ne serions pas une nouvelle fois percutés par le débat sur les retraites si l'âge légal n'avait pas été abaissé à 60 ans… il y a 42 ans déjà, à une époque où les études établissaient pourtant que ceci mettrait durablement en péril l'équilibre des régimes."

 

Financer l'urgence climatique

 

Le patronat espère désormais que la future représentation nationale prendra des "choix collectifs éclairés" et que la "résilience remarquable" dont auraient fait preuve les entreprises tricolores "ne soit pas de nouveau mise à rude épreuve". "Le monde, lui, ne nous attend pas", prévient toutefois Patrick Martin.

 

 

Il cite notamment l'exemple de la "capacité à relever au pas le défi climatique si 'gourmand' en capitaux privés", pour laquelle les entreprises s'investiront "dans la limite des capacités dont nous disposerons". Le Medef plaide aussi pour "préserver la paix sociale par un dialogue exigeant mais constructif avec nos interlocuteurs syndicaux".

 

Revenir sur l'interdiction à la location des passoires thermiques...

 

Les organisations non gouvernementales spécialisées dans la défense de l'environnement et de la biodiversité ont également réagi. "L'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir serait catastrophique pour l'ambition climatique de la France", dénonce le Réseau action climat (Rac), qui fédère 37 associations environnementales dont Greenpeace ou Oxfam France.

 

D'après un communiqué relayé par l'AFP, il invoque un "barrage" face au RN lors du second tour des législatives et appelle "l'ensemble des partis républicains à faire preuve de responsabilité et à agir et affirmer sans ambiguïté" leur "volonté d'empêcher l'arrivée du RN au pouvoir". Selon ces ONG, le programme du RN "souhaite revenir sur nombre d'acquis de la transition écologique, au mépris de leurs bénéfices pour l'ensemble de la population".

 

... et instaurer un moratoire sur le développement des ENR

 

Elles citent, entre autres mesures, le projet du parti d'extrême-droite de revenir sur le calendrier d'interdiction à la location des passoires thermiques et d'instaurer un moratoire sur le développement des énergies renouvelables.

 

Cette dernière proposition renforcerait la "dépendance de la France aux importations d'énergies fossiles", ce qui "enfermer(ait) encore davantage les ménages dans des trappes à pauvreté et nuir(ait) à leur santé en raison de la pollution aggravée et de vagues de chaleur de plus en plus intenses", sans oublier les éventuelles répercussions négatives sur le marché de l'emploi.

 

Le collectif estime que le parti de Jordan Bardella "n'a aucun objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050 au mépris de toutes les recommandations scientifiques", concluant que "son arrivée au pouvoir continuerait d'aggraver le changement climatique".

 

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