ARCHITECTES. Dans une lettre à la nouvelle ministre de la Culture, un collectif d'enseignants architectes réclame une réévaluation de la rémunération pour les enseignants contractuels et vacataires des Ensa, soit 50% des effectifs. Ils sont en effet "les seuls fonctionnaires de catégorie A" payés au Smic.
Ils ont écrit à la nouvelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Le Collectif pour des conditions dignes et égalitaires des enseignants en écoles d'architecture se rappelle au bon souvenir du gouvernement et alerte, comme il l'avait fait auprès de son prédécesseur Franck Riester, sur la "grande disparité dans le traitement des enseignants qui forment les architectes", qui pénalise les enseignants contractuels non maîtres de conférence associés, et les vacataires. Une situation qui concerne environ 50% des effectifs et "la totalité des Ensa" (Ecoles nationales supérieures d'architecture).
Emmenés par Olivier Celnik et Franck Chopin (Ensa Paris Val-de-Seine), respectivement président et vice-président du collectif, les "plus de 200" signataires, majoritairement enseignants, tous statuts confondus, et "représentant 19 des 20 Ensa" du pays, demandent "la modification des conditions de travail et des rémunérations des enseignants contractuels et vacataires". Celles-ci, en effet, "ne correspondent pas à leurs qualifications, leur expérience et leur ancienneté" : ils sont, de fait, "les seuls employés de la fonction publique de catégorie A à être rémunérés au taux du Smic mensuel", ceci "en violation de textes législatifs majeurs".
Deux à trois fois moins payé à travail égal
Contacté par Batiactu, Olivier Celnik indique par exemple être ancien vacataire, dont le contrat a récemment été converti en CDI "vu le nombre d'année pendant lesquelles [il a] exercé". Cela ne l'empêche pas de "gagner deux ou trois fois moins au taux horaire qu'un titulaire" de la fonction publique. A cela s'ajoute le fait que les vacataires ne peuvent pas faire autant d'heures que les titulaires. Architecte en agence par ailleurs, le président du collectif considère que nombreux sont les collègues dans la même situation que lui qui sont "tellement peu payés" que ce n'est pas une source importante de revenus et "qu'ils pourraient presque le faire gratuitement".
"C'est évidemment un problème de directives budgétaires", indique Olivier Celnik. Les écoles n'ont pas le droit de créer de nouveaux CDI et "ne reconduisent pas, au bout de quelques années, les contrats d'enseignement de certains professionnels, même pour un tout petit nombre d'heure, de peur de la requalification automatique en CDI. C'est dommageable pour la qualité des enseignements". Il dénonce en outre des budgets par élève "deux à trois fois moindres que dans les écoles d'ingénieurs", ceci "alors que nous formons une profession réglementée qui est quand même en charge de notre cadre de vie à tous !".
Enfin, le collectif déplore que le nouveau statut d'enseignant chercheur, applicable aux Ensa depuis 2018, "semble exclure environ la moitié des enseignants". "Nous craignons que ce statut vers lequel on évolue ne soient en fait réservé qu'aux docteurs en architectures, avec au final un enseignement uniquement universitaire, sans professionnels", précise Olivier Celnik.
Équilibrage du traitement
Les signataires de la lettre à la ministre revendiquent, d'une part, un "équilibrage" du traitement des enseignants contractuels et des vacataires, en fixant leur rémunération "en référence à ce que devrait normalement percevoir un fonctionnaire exerçant les mêmes fonctions", comme le prévoit la circulaire du 20 octobre 2016 relative aux agents contractuels de l'Etat. Ils réclament également "la reconnaissance et l'identification par arrêté de toute discipline enseignée en Ecoles d'architecture", notamment les langues étrangères et l'informatique.