Un accident est survenu sur le site du laboratoire souterrain de l'Andra à Bure (Meuse) : un éboulement dans une galerie en creusement a tué un technicien de l'entreprise Eiffage TP et blessé légèrement un de ses collègues. Le site, qui doit servir à l'étude du stockage des déchets radioactifs de longue durée, n'est pas encore en service.
Un éboulement s'est produit dans une galerie du laboratoire souterrain de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) ce mardi 26 janvier 2016, à la mi-journée. La préfecture de la Meuse précise dans un bref communiqué : "Selon les premières informations, le front de taille d'un fond de galerie a glissé alors que des relevés géophysiques étaient en cours. Un éboulement est survenu lors des forages, atteignant un technicien de la société Eiffage. Celui-ci est décédé, l'un de ses collègues est légèrement blessé". Les pompiers et le SMUR sont intervenus et la galerie a été entièrement évacuée, afin de vérifier sa stabilité. Une enquête a été ouverte par le procureur de Bar-le-Duc qui s'est rendu sur place. L'inspection du travail devra également déterminer si des erreurs ont été commises. Contactée par Batiactu, l'entreprise Eiffage restait injoignable ce mardi après-midi.
D'autres accidents ont émaillé l'histoire de cette installation expérimentale : en mai 2002, un ouvrier était décédé dans le puits principal à 200 mètres de profondeur, écrasé par un tube d'aération. Les travaux avaient été suspendus pendant plusieurs mois, le temps que l'Andra et le Groupement Fond Est (groupement d'intérêt économique), revoient leurs méthodes de travail sur ce chantier complexe. Selon le Figaro, quelques mois auparavant, "un autre ouvrier avait été blessé dans une chute de 11 mètres à la suite de l'ouverture 'par erreur' d'une trappe sur laquelle il se trouvait". Un incident qui avait également entraîné un arrêt des travaux.
Prototypes des structures de stockage
Le laboratoire souterrain fait partie du projet d'enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs et dont la durée de vie est la plus longue (Cigéo - Centre industriel de stockage géologique). Il consiste à réaliser des galeries à une profondeur de 500 mètres, dans une couche d'argile du Cavallo-Oxfordien, une roche idéale pour ses qualités de confinement : stable, homogène, peu perméable et dotée d'une bonne capacité de rétention des radionucléides. Les installations s'organisent autour de deux puits, coiffés de tours abritant les équipements de levage et d'aération, et d'un réseau de galeries souterraines. Ces dernières sont destinées à expérimenter les méthodes de creusement et de stockage qui seront potentiellement employées sur le site définitif, situé à quelques kilomètres plus au nord, aux confins des communes de Ribaucourt, Bure, Mandres-en-Barrois et Bonnet, et qui pourrait être construit entre 2018 et 2025. Aucun déchet radioactif n'est actuellement présent dans le laboratoire de Bure.
Techniquement, ces galeries sont creusées par un brise-roche hydraulique alimenté par électricité. Le creusement est réalisé en sections divisées avec une section totale de 17 m² environ en fer à cheval. Le soutènement au front de taille est assuré par des boulons à ancrage et du béton projeté, complétés ultérieurement par des cintres métalliques. L'évacuation des déblais est, quant à lui, assuré par un chargeur sur pneus, lui aussi électrique, afin d'éviter les fumées.