Les installations de nouvelles centrales photovoltaïques et de fermes éoliennes ralentissent en France, malgré l'engagement du pays dans la transition énergétique. C'est ce qu'il ressort des tableaux de bord trimestriels publiés par le Commissariat général au Développement durable. Malgré tout, la production de ces deux énergies renouvelables continue de croître. Détails.
Bien que la France soit lancée dans sa transition énergétique, qui lui impose de développer des énergies décarbonées, les chiffres des raccordements du premier trimestre de 2016 montrent une tendance étonnante : qu'il s'agisse d'éolien ou de solaire photovoltaïque, les installations ralentissent par rapport à 2015.
Ainsi, la puissance éolienne raccordée, au cours des trois premiers mois de l'année, est estimée à 141 MW, ce qui est inférieur à celle constatée au premier trimestre 2015 (210 MW, -33 %) et inférieur à celle du trimestre précédent (-52 %). La puissance totale du parc français atteignait, à la fin du mois de mars, les 10,46 GW, le seuil symbolique des 10 GW ayant été franchi dès 2015. Toutefois, en dépit de ce tassement des raccordements, les capacités poursuivent une lente progression, autorisant les chiffres de production cumulée à crever le plafond. Le Commissariat général au développement durable (CGDD) note : "La production éolienne (…) atteint un nouveau record sur les trois premiers mois de l'année, à 7,8 TWh, soit une progression de +33 % par rapport au premier trimestre 2015. [Elle] représente désormais près de 5,5 % de la consommation électrique française". Le précédent record, établi au dernier trimestre 2015, était de 6,2 TWh. Du côté des projets en file d'attente, ils atteignaient les 7,8 GW de puissance, fin mars. Le tableau de bord précise : "La puissance des projets avec une convention de raccordement signée, amenés à être raccordés dans les trimestres à venir, est en augmentation de +13 % sur un trimestre, signe d'une possible hausse du niveau (…) à court et moyen terme".
Vers une reprise des installations pour les deux énergies
Concernant l'énergie solaire, la progression du parc a, elle aussi, marqué le pas. La puissance nouvellement raccordée au premier trimestre de 2016 a été plus faible que celle observée à la même période un an plus tôt : 178 MW (-20 %). Le CGDD nuance ce constat : "[Elle] s'avère toutefois bien supérieure à celle observée au dernier trimestre 2015, qui avait été marqué par une forte baisse de régime". A la fin du mois de mars, l'ensemble du parc photovoltaïque français s'élevait à 6,73 GW, pour une production trimestrielle de 1,2 TWh (+13 %). L'électricité d'origine solaire représente désormais 0,9 % de la consommation nationale, contre 0,7 % en 2015. Le rythme des raccordements devrait repartir à la hausse. Le tableau de bord trimestriel précise : "Après une baisse continue depuis près de deux ans, le rebond de la puissance des projets en file d'attente constaté au trimestre précédent se confirme. Celle-ci atteint 2,13 GW, fin mars 2016, soit une progression de +8 % sur un trimestre".
Géographiquement, les deux types d'énergies se complètent assez remarquablement. Pour l'éolien, trois régions françaises se détachent largement : la région Grand Est (qui intègre la Champagne et les Ardennes) qui représente à elle seule 25 % des capacités éoliennes de tout le pays (2,6 GW), la région des Hauts de France (Nord-Pas de Calais-Picardie) qui la talonne avec 22 % de la puissance nationale (2,3 GW) et la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avec 10 % (1,04 GW). Pour le solaire, c'est en revanche l'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes qui caracole en tête avec 24 % du parc français (1,65 GW), suivie de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées qui représente 20 % de la puissance photovoltaïque, et Provence-Alpes-Côte d'Azur qui atteint les 13 % (0,9 GW). Quelques régions semblent oubliées de cette transition, dont la Corse et l'Île-de-France, où les puissances installées restent faibles et les nouveaux raccordements anecdotiques.