La France est décidée à mettre les bouchées doubles pour assurer le développement de l'énergie solaire et espère combler son retard dans ce domaine par rapport à ses voisins européens.

«La France s'est donnée les moyens de créer une véritable filière de l'énergie solaire», a estimé Nelly Olin, ministre de l'Ecologie, lors de l'inauguration vendredi près de Chambéry de l'école des Compagnons du Solaire, unique en France pour la formation de professionnels qualifiés dans l'installation de systèmes solaires.

Le marché du solaire a démarré en 2000 avec le lancement d'un «plan soleil» assorti de subventions aux installations. Mais le véritable décollage ne s'est fait sentir que l'an dernier. «Nous avons connu une véritable explosion du solaire thermique en 2005», a souligné Michèle Pappalardo, présidente de l'Agence de développement et de maîtrise de l'énergie (Ademe).
Le solaire thermique consiste à utiliser l'énergie du soleil via des capteurs solaires pour alimenter des chauffe-eau ou des systèmes de chauffage. Stimulé par diverses aides gouvernementales, le marché français a enregistré en 2005 une progression de 134%, la plus forte de tous les pays européens, avec 121.000 m2 de capteurs installés l'an dernier contre 55.000 m2 en 2004. Une forte progression qui s'explique également par le faible niveau du parc installé actuel: 274.000 m2 de capteurs en France contre 5,6 millions en Allemagne, 2,8 millions en Grèce et 2 millions en Autriche.
En volume, la progression du marché français n'arrive ainsi qu'au 4e rang européen derrière l'Allemagne, championne du secteur (950.000 m2 de capteurs installés en 2005), l'Autriche (233.000) et la Grèce (220.000).

«On a dix ans de retard sur les allemands», reconnaît Jean-Louis Bal, directeur des énergies renouvelables à l'Ademe. Mais «on peut les rattraper d'ici 2010» en arrivant à installer 1 million de m2 de capteurs par an, a-t-il ajouté.
D'autres pays font cependant beaucoup plus fort: la Chine a installé entre 18 et 20 millions de m2 de capteurs solaires thermiques l'an dernier, soit 20 fois plus que l'objectif français pour 2010, indique André Joffre, PDG du bureau d'études Tecsol, soulignant cependant que la technologie chinoise ne serait pas adaptée à l'Europe.
Dans le photovoltaïque «les perspectives sont enthousiasmantes», selon Michèle Pappalardo. Le photovoltaïque consiste à convertir l'énergie solaire en électricité via des panneaux solaires pour un habitat collectif ou individuel et la loi oblige EDF à racheter cette production à un prix fixé par l'Etat. Or, le gouvernement vient de décider de multiplier par deux ces tarifs à 30 centimes d'euros le kilowatt/heure.
Avec les crédits d'impôts qui peuvent atteindre 50% du prix d'achat de l'installation, un particulier peut rentabiliser son investissement en douze ans, a estimé la présidente de l'Ademe. Le marché du solaire photovoltaïque devrait ainsi passer de 6 mégawatt/heure installés en 2005 à 50 MWt/h d'ici 2010, a-t-elle indiqué.
Encore faut-il qu'installateurs et industriels puissent répondre à la demande. D'où l'intérêt de la nouvelle école de formation inaugurée vendredi.
André Jean, PDG de Clipsol, fabricant français de systèmes solaires combinés (chauffage + eau chaude) en France, multiplie les projets pour augmenter ses capacités de production mais s'avoue dépassé par ses concurrents allemands. Pour 2006, Clipsol vise 16 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 10 millions en 2005.

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