ÉLECTRICITÉ. Jean-Bernard Lévy, le patron de l'énergéticien tricolore, a appeler à anticiper les besoins futurs de l'Hexagone en électricité, estimant au passage que les hypothèses retenues dans la Stratégie nationale bas-carbone s'inscrivent dans "une fourchette très basse". L'électrification tous azimuts, le développement de l'hydrogène et les besoins du secteur industriel vont alourdir la demande en énergie.
La France doit mieux anticiper ses besoins futurs en électricité. C'est le patron d'EDF, Jean-Bernard Lévy, qui l'a affirmé devant les députés de la mission d'information sur la résilience nationale le 17 septembre dernier. Auditionné par les parlementaires, le président-directeur général de l'énergéticien tricolore a estimé que l'électrification tous azimuts de la société et de l'économie, le développement de l'hydrogène ainsi que les besoins du secteur industriel vont inéluctablement alourdir la demande en énergie. "Nous sommes à la veille de bouleversements d'une telle ampleur, dans le domaine du transport et du chauffage en particulier, que nous pensons qu'il va y avoir sur les années qui viennent, mettons sur les 30 ans qui viennent jusqu'en 2050 (...), une forte croissance de la consommation d'électricité", a-t-il déclaré devant eux, selon des propos rapportés par l'AFP.
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L'hydrogène demandera plus d'électricité
Il a au passage remis en question les hypothèses retenues dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), dont la dernière version a été publiée en 2020. Pour rappel, le texte prévoit une consommation électrique nationale oscillant entre 600 et 650 térawatts-heure (TWh) en 2050, une hausse modérée en comparaison aux niveaux actuels (460 TWh en 2020), afin de tenir compte du recours croissant à l'électricité en lieu et place des énergies fossiles. Pour Jean-Bernard Lévy, ces chiffres constituent "une fourchette basse, je dirais même une fourchette très basse de ce qui nous paraît le plus probable". Depuis l'adoption de la dernière mise à jour de la SNBC, deux nouveaux éléments doivent être pris en compte selon lui : d'une part, un mouvement de réindustrialisation consécutif à la crise sanitaire, et d'autre part le développement de l'hydrogène, pour lequel "il y aura besoin de beaucoup d'électricité", a-t-il ajouté.
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Un peu plus tôt dans la semaine, le directeur général de l'énergie et du climat au ministère de la Transition écologique, Laurent Michel, avait reconnu devant la même mission d'information de l'Assemblée nationale que la consommation d'électricité avait "une tendance à augmenter un peu plus" que prévu. "Ça sera peut-être plutôt 700 ou 750" TWh en 2050, a déclaré le haut fonctionnaire aux députés. RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, mène de son côté des travaux de modernisation du système électrique français à l'horizon 2050. Il a quant à lui retenu une consommation de référence d'environ 645 TWh par an mais avec plusieurs variantes. Dans un scénario de "sobriété", celle-ci pourrait n'être que de 550 TWh, alors qu'elle pourrait grimper jusqu'à 770 TWh en cas de "révolution hydrogène".