TENSIONS. La Première ministre, Élisabeth Borne, exhorte les entreprises à redoubler d'efforts pour économiser l'énergie, alors que l'hiver 2022-2023 s'annonce particulièrement tendu sur ce front.
"L'heure est grave." La Première ministre, Élisabeth Borne, qui intervenait ce 29 août devant les adhérents du Medef lors des rencontres des entrepreneurs de France (Ref), n'a pas cherché à dissimuler la solennité du moment. En effet, si la Russie coupait totalement ses exportations de gaz en Europe, les conséquences seraient "massives", a-t-elle assuré ; et, quoi qu'il en soit, les mois et années à venir seront "difficiles, voire exigeants". Les entreprises sont ainsi attendues au tournant, dès maintenant, afin de diminuer le plus possible leurs consommations d'énergie en ciblant tout d'abord celles qui ne sont pas "indispensables". Si leurs efforts étaient jugés insuffisants, l'État se réserverait le droit de leur imposer des baisses de consommation. Et, dans la situation extrême d'un rationnement, a aussi précisé Élisabeth Borne, les entreprises seraient les "premières touchées". Le ton est donné.
Un rendez-vous "début octobre" pour les entreprises
Concrètement, des groupes de travail ont été lancés afin d'envisager des pistes de progrès dans chaque secteur de l'économie, dont celui du logement. La Première ministre donne donc rendez-vous début octobre aux entreprises pour tirer un premier bilan de ces travaux. L'objectif final ne sera pas seulement de passer l'hiver dans les meilleures conditions, mais, à plus long terme, d'engager la transition écologique de l'économie française. Parmi l'ensemble des secteurs économiques, le gouvernement en a sélectionné trois, particulièrement stratégiques à cette aune, sur lesquels il compte accélérer en priorité : la forêt, la gestion de l'eau et le développement des "énergies décarbonées" (comprendre, le nucléaire et les renouvelables). Le gouvernement estime être en mesure d'aboutir, d'ici à la fin de l'année, à une "première vision complète de notre planification écologique", celle promise par le président de la République durant la campagne présidentielle. L'État s'engage, pour sa part, à offrir aux entreprises une "visibilité maximale" en termes de normes, de fiscalité et d'incitations. "La transition écologique doit devenir le critère central des décisions d'investissements, privés comme publics", a-t-elle avancé.
Pour concrétiser cette conversion environnementale du modèle économique français, le gouvernement compte également sur l'atteinte du plein emploi. Élisabeth Borne a ainsi évoqué devant les entrepreneurs du Medef la réforme à venir de l'assurance-chômage, du système de retraites (avec une prise en compte de la pénibilité) et de la formation professionnelle. Elle a également invité ses auditeurs à "garantir une meilleure qualité de vie au travail", "engager des négociations salariales" et "investir sur les freins à l'accès au travail, comme la mobilité des salariés". "Il n'y a pas de plein emploi sans bon emploi", a-t-elle résumé. Un message qui concerne notamment le secteur de la construction, mobilisé ces dernières années pour améliorer l'attractivité de ses métiers.