Alors que le premier tour de l'élection présidentielle se profile, Lionel Carli, président du Conseil national de l'ordre des architectes, prend la parole et s'exprime sur les préoccupations de la profession : surface plancher, droits à construire, étalement urbain… Interview.
Batiactu : L'étalement urbain est un problème majeur pour les territoires, que préconisez-vous ?
Lionel Carli : C'est le sujet d'avenir… Il est essentiel de marquer une pause et de se donner le temps de retravailler la ville. Les règles seules ne peuvent faire la ville. D'autant que bien souvent, faute de moyens financiers, les règlements des PLU ne sont que des piètres copier-coller ou de faibles adaptations de règlements antérieurs. Il faut se donner de véritables moyens de remettre à plat les documents d'urbanisme qui sont des documents qui doivent vivre. Pour ce faire, nous devons attaquer le problème à la racine et faire un véritable diagnostic du territoire urbanisé et non urbanisé et nous poser les bonnes questions : est-ce que ma ville est bien organisée ? Est-ce qu'il n'y a pas nécessité dans certains secteurs d'accueillir plus de population, plus d'activités ? etc.
En clair, il faut faire un diagnostic de la commune pour examiner si ce qui est construit l'est correctement. Mais également si ce qui est construit l'est au bon endroit avec une affectation judicieuse et s'il peut supporter des extensions et des améliorations. Et puis il y a aussi un travail à faire au niveau des franges, c'est-à-dire au niveau des zones d'entrée de villes et des friches mais aussi des friches vertes. Finalement, à l'échelle de la commune, de la communauté de communes, il faut aborder la réflexion de l'aménagement urbain de la même manière qu'on aborde tout projet de construction. C'est juste une question d'échelle : les architectes sont rompus à cet exercice.
Lionel Carli : C'est le sujet d'avenir… Il est essentiel de marquer une pause et de se donner le temps de retravailler la ville. Les règles seules ne peuvent faire la ville. D'autant que bien souvent, faute de moyens financiers, les règlements des PLU ne sont que des piètres copier-coller ou de faibles adaptations de règlements antérieurs. Il faut se donner de véritables moyens de remettre à plat les documents d'urbanisme qui sont des documents qui doivent vivre. Pour ce faire, nous devons attaquer le problème à la racine et faire un véritable diagnostic du territoire urbanisé et non urbanisé et nous poser les bonnes questions : est-ce que ma ville est bien organisée ? Est-ce qu'il n'y a pas nécessité dans certains secteurs d'accueillir plus de population, plus d'activités ? etc.
En clair, il faut faire un diagnostic de la commune pour examiner si ce qui est construit l'est correctement. Mais également si ce qui est construit l'est au bon endroit avec une affectation judicieuse et s'il peut supporter des extensions et des améliorations. Et puis il y a aussi un travail à faire au niveau des franges, c'est-à-dire au niveau des zones d'entrée de villes et des friches mais aussi des friches vertes. Finalement, à l'échelle de la commune, de la communauté de communes, il faut aborder la réflexion de l'aménagement urbain de la même manière qu'on aborde tout projet de construction. C'est juste une question d'échelle : les architectes sont rompus à cet exercice.
Batiactu : La majoration du COS de 30% des droits à construire a été un sujet majeur pour le secteur ces dernières semaines. De votre côté, vous allez plus loin et parler même de le supprimer ?
Lionel Carli : En effet, c'est dramatique de parler encore en 2012 de COS. Il nous crée bien des soucis : parfois, nous avons des droits à construire que génèrent les COS mais qu'on ne peut pas utiliser car les règles de gabarit ne le permettent pas ou alors c'est l'inverse, les règles de gabarit ne nous permettent pas de faire le plein de densité. La règle urbaine a trop souvent été édictée sans imaginer ce qu'elle va induire spatialement. Ce qui est important, c'est de penser la ville en trois dimensions, à travers les règles de gabarit : hauteur, recul, emprise et implantation. Quand on parle de densité, les chiffres bruts ne veulent rien dire. Ainsi, les 30% de constructibilité en plus, voulus par le Président de la République, à eux seuls, ne veulent rien dire non plus. Un chiffre seul ne peut suffire à faire un projet de ville. Il faut analyser la ville, en faire un diagnostic et à partir de là, inventer un meilleur partage de son territoire. C'est seulement à partir d'un vrai projet de ville, partagé par tous, que de nouvelles densités pourront être envisagées et pas seulement dans une toise uniforme de 30%. Mettons l'intelligence des architectes au service du projet urbain, du projet de ville partagée.
Batiactu : Dans votre appel aux candidats à la présidentielle, vous parlez de construire mieux. Mais face à la pénurie de logements, de nombreux acteurs du bâtiment parlent de construire vite. Ces deux notions sont-elles compatibles ?
Lionel Carli : Il faut savoir accepter de marquer le pas pendant un temps pour pouvoir mieux se développer rapidement ensuite. Consacrons plus de temps aux études urbaines, à la préparation du chantier, consacrons plus de temps également à la concertation avec la population pour s'inscrire dans le durable. Et une fois que le projet sera calé, on peut alors le dérouler plus vite. Il y a une différence entre urgence et précipitation. Concernant le logement d'urgence et le logement très social, à construire en nombre, les architectes sauront être innovants à condition de leur en donner les moyens. Renouons avec l'excellence dans le logement et abandonnons les normes et standards de normes et de financements. Pouvoirs publics, usagers et architectes, réinventons ensemble le logement.
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