Les émissions de CO2 globales devraient être divisées par deux d'ici à 2040, grâce aux gains d'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables. Et c'est ExxonMobil, un géant du pétrole américain qui le dit. Sans surprise il avertit que le coût de ces politiques pèsera de plus en plus lourd.
L'activité humaine devrait émettre deux fois moins de carbone dans le quart de siècle à venir qu'aujourd'hui. C'est la conclusion d'un rapport évaluant l'impact de politiques environnementales actuelles, publié par le groupe pétrolier ExxonMobil. Ce dernier estime que "les gains en efficacité énergétique vont aider à réduire de moitié l'intensité carbone de l'économie mondiale". Il prévoit que le recours aux renouvelables associé au gaz naturel et au nucléaire, assureront près de 25 % des approvisionnements en énergie en 2040. Les filières éolienne et solaire connaîtront une forte croissance, portée par les politiques publiques de soutien, et fourniront 10 % de l'électricité mondiale à cette même période. Mais ExxonMobil rassure ses actionnaires : les énergies fossiles resteront les énergies les plus utilisées dans le monde, même à cet horizon : le pétrole, à lui seul, couvrira 20 % des besoins.
Les énergies fossiles en croissance au moins jusqu'en 2030
Un pic de consommation devrait même être atteint, en 2030, avant de commencer une décroissance, sous l'effet des mesures de diminution du CO2. Dans le même temps, la demande continuera elle aussi à augmenter, avec l'évolution de la population mondiale qui devrait compter 2 milliards d'individus de plus, et le boom des économies en développement. Le vice-président du groupe pétrolier, William Colton, déclare également : "L'accord conclu sur le climat à la COP21 à Paris a fixé plusieurs objectifs. Si beaucoup de politiques associées sont seulement en train d'émerger, on peut anticiper que de telles décisions vont accroître le coût des émissions de dioxyde de carbone dans le temps". ExxonMobil soutient que le prix de la tonne de carbone devrait atteindre les 73,5 € en 2040, une estimation bien inférieure à celle avancée par la ministre de l'Ecologie qui espère que la barre des 100 €/tonne sera franchie dès 2030.
Mais quel crédit accorder à ces propos, sachant le groupe pétrolier américain est soupçonné, par l'Etat de New York, d'avoir sciemment minimisé les risques liés au changement climatique et l'impact potentiel de l'industrie des carburants fossiles. Le ministère de l'Etat américain s'interroge sur les risques financiers courus par ses investisseurs et le grand public face au besoin de limiter l'utilisation de ces énergies polluantes. ExxonMobil aurait notamment financé des études climato-sceptiques.