L'attentisme des investisseurs aura eu raison de certains projets verts, et surtout des emplois générés par ceux-ci, au cours des derniers mois. Une étude du cabinet Trendeo montre que, pour la première fois depuis 2009, la création d'emplois dans des secteurs tels que l'éolien, le photovoltaïque ou la biomasse est à la baisse.
La création d'emplois dans les secteurs verts serait-elle à bout de souffle ? Selon l'Observatoire de l'investissement dans ces secteurs publié par le cabinet Trendeo, pour la première fois en mars 2011, le jeu des investissements et désinvestissements a conduit à des suppressions nettes d'emplois verts. Les filières prises en compte dans cet observatoire sont pour la majeure partie liées au monde du bâtiment et de l'énergie : il s'agit des biocarburants, biomatériaux et écoconstruction, bois de chauffage, éolien, géothermie et aérothermie, méthanisation/biomasse/biogaz, recyclage et dépollution, solaire et véhicules électriques.
«Les filières vertes sont encore émergentes et le stock d'emplois installés est faible. La dynamique est presque entièrement guidée par l'évolution des investissements, beaucoup moins par celles des désinvestissements», indique l'Observatoire. «C'est donc l'attentisme des investisseurs qui conduit à la stagnation actuelle». Premier moteur des créations d'emplois depuis deux ans, la filière solaire, qui avait généré près de 400 nouveaux emplois en date du premier trimestre 2009, et près de 1.000 un an plus tard, compte, au premier trimestre 2011, un solde de nouveaux emplois négatif. La filière recyclage et dépollution reste celle ayant le plus embauché sur un an, avec 200 emplois, suivie de celle des biomatériaux et de l'écoconstruction, avec une centaine d'emplois.
Les filières souffrent aussi en amont
Dans les secteurs nécessitant du matériel spécifique, c'est-à-dire principalement dans l'éolien et le solaire, les métiers d'étude, de commercialisation, de pose et de maintenance ont connu une chute importante des embauches, passant de plus de 600 en date du premier trimestre 2010, à seulement 100 un an après. La production et l'exploitation baisse aussi de 600 nouveaux emplois constatés début 2010, à 200 début 2011. La fabrication de matériel passe carrément de plus de 400 à 5 emplois entre 2010 et 2011. Seul le domaine de la recherche et du développement souffre moins que les autres, mais la création d'emplois dans celui-ci était déjà moindre : elle passe d'une trentaine à une dizaine de nouveaux emplois.
L'Observatoire tempère ces résultats en arguant qu'un «mauvais chiffre mensuel n'est qu'un indice dont la valeur partielle est limitée. Il appelle confirmation». Cependant, la tendance baissière est engagée depuis un an. Et les effets du plan global visant à définir de nouveaux objectifs et outils de régulation suite au rapport Charpin sur l'avenir de la filière photovoltaïque pourraient encore avoir des conséquences sur l'emploi dans cette filière. Du côté de l'éolien, il faudra attendre encore un an pour savoir si l'appel d'offres lancé par le gouvernement concernant la filière éolienne offshore aura une influence visible sur le redémarrage de ce secteur.