Moins d'embauches et plus de difficultés à recruter : telle est la situation étrange que vivent les entreprises du commerce et de l'artisanat, dont les représentants demandent au Gouvernement d'engager une véritable révolution en matière de formation professionnelle. Focus sur le secteur du BTP.
L'emploi en France vit un "redoutable paradoxe", analyse l'UPA, qui vient de publier sa dernière enquête avec l'institut I+C*. En effet, d'un côté les entreprises de proximité doivent réduire leurs embauches, faute d'activité ; de l'autre, elles ont du mal à recruter, faute notamment de qualification des candidats.
Si les entreprises artisanales du bâtiment sont 17% à avoir embauché au 1er semestre 2013 (vs 19% au S1 2012), elles ne seraient plus, en revanche, que 4% au prochain semestre (contre 10% au S1 2012). Du côté des entreprises de travaux publics, les chiffres sont moins alarmistes, mais en baisse tout de même : 18% des entreprises ont embauché au 1er semestre 2013 (idem en 2012), et 8% ont l'intention de recruter au prochain semestre (contre 10% au S1 2012). Le pessimisme est donc de mise dans le secteur du BTP, où le nombre de CDI est en repli (41% dans le bâtiment - 36% dans les TP, contre respectivement 44% et 63% de CDD). Cependant, les CDI, qui devraient voir leur part se réduire dans la plupart des secteurs, devrait rester majoritaires dans les mois à venir dans le BTP, avec plus de 50%, estime l'enquête UPA/I+C.
9.000 emplois à pourvoir dans le bâtiment
Parallèlement, et c'est là qu'est le paradoxe, ces mêmes entreprises éprouvent des difficultés à recruter. Dans le bâtiment - où près de 9.000 emplois sont à pourvoir - elles sont 24% au 1er semestre à rencontrer des problèmes d'embauches (24% au S1 2012), et 17% dans le secteur des travaux publics (contre 26% au S1 2012). Un point positif : "Le recrutement est plus aisé que l'année dernière dans les travaux publics", constate l'étude. La principale difficulté rencontrée par les chefs d'entreprise est le problème de qualification (63% au 1er semestre 2013, 65% l'an dernier sur la même période). Vient ensuite le fait qu'il n'y ait tout simplement pas de candidature (37% vs 33%), suivi du manque de motivation (4% vs 7%).
Cap sur la formation !
"Deux révolutions sont à faire pour améliorer durablement la situation de l'emploi", clame l'UPA. L'organisation appelle ainsi le Gouvernement à "engager une politique générale de réduction du coût du travail", vieux cheval de bataille de l'UPA qui a toujours souhaité qu'une partie des charges sociales soient orientées vers d'autres sources de financement.
En outre, il est impératif, selon l'Union professionnelle artisanale de faire "correspondre la formation professionnelle initiale des jeunes et celle des demandeurs d'emploi avec les besoins des entreprise". L'urgence est donc à la formation !
*Enquête réalisée durant la 1ère quinzaine du mois de juillet 2013 par l'Institut I + C pour le compte de l'UPA auprès d'un panel représentatif de 4.700 entreprises, dont 1.300 entreprises artisanales du bâtiment (gros œuvre, second œuvre technique, second œuvre finition,…) et 400 entreprises artisanales de travaux publics.