Le deuxième Prix citoyen décerné par l'UNSFA au cours de son Congrès annuel a été attribué à l'architecte Toussaint Boué, pour le projet de reconstruction de la communauté Emmaüs de Norges-la-Ville.
" Offrir aux plus démunis un lieu d'enracinement, ouvert à la société, pour que chacun devienne sujet de sa vie ". Dans l'amphithéâtre du Palais des Congrès de Dijon, la devise de la communauté d'Emmaüs a résonné comme une douce provocation contre ceux qui ne tiennent pas compte de l'architecture. Et fait échos au thème du 33ème congrès de l'UNSFA : " Des bonheurs d'architectures pour tous ".
Pour la deuxième édition du Prix du projet citoyen, qui récompense un projet architectural en fonction de critères d'exemplarité de la concertation citoyen-architecte-décideur, la communauté d'Emmaüs a été distinguée. La communauté de Norges-la-Ville achève cette année la reconstruction de ses équipements d'hébergement et de services sur son site du Fort de la Redoute. Les études et travaux ont duré 12 ans et les compagnons y ont participé activement. Ce travail participatif, pour une bonne appropriation des nouveaux espaces et leur adéquation au projet social, a été animé par Toussaint Boué, chef de projet de l'opération et architecte de la majeure partie des bâtiments d'hébergement. Le prix n'est pas une distinction purement architecturale. " Le jury a surtout cherché à récompenser une démarche et un accompagnement ", a précisé Philippe Madec, président du jury et lauréat de l'édition 2001.
" Les compagnons ont été très actifs. Ils ont effectué toute la VRD [voirie et réseaux divers], avec une tranchée qui fait le tour des sept hectares du campement et qui contient en plus tout le système de câblage. Ils ont réalisé plus de 50% des travaux ", souligne l'architecte. " Pour moi, l'une des gageures de ce projet fut que ma seule arme, vis à vis des compagnons, était la persuasion. Pour la partie des travaux réalisés par le service chantier interne à Emmaüs, je n'avais aucune possibilité de coercition financière. Cela a été pour moi un très fort investissement affectif et moral. "
" Pour un architecte, découvrir le monde des sans-domiciles est une provocation. Participer avec eux à l'aventure de leur redonner une " demeure " parmi les citoyens, une citoyenneté dans la société, est un engagement heureux. C'est aussi un enseignement. "
Située à 4km au Nord de Dijon, la communauté est basée sur l'ancien Fort de la Redoute, desservi par une route, crée en partie par Emmaüs. Après la viabilisation des sept hectares de terrains, et après la tranche expérimentale n°0, la réalisation des travaux, à partir de 1993, a été échelonnée en trois tranches, plus deux tranches de réhabilitation de logements et une tranche de chaufferie centrale (déchets bois) avec réseau de chaleur. En tout ont été détruits 30 bâtiments de logement, dont 19 précaires, viabilisées les voies primaires et secondaires, réhabilités 6 bâtiments de logements et 1 de service, construits 11 pour le logement et 2 pour les services, un atelier de broyage bois pour le chauffage, une chaufferie centrale, un réseau de chaleur et 8 sous-station. Soit une surface habitable et utile de 3.120m².
" Les destructions et constructions ont eu un impact émotionnel très fort que nous avons utilisé pour impulser une dynamique communautaire de participation et d'appropriation. Les constructions neuves ont créé des situations nouvelles pour lesquelles Emmaüs a du inventer des pratiques de gestion et d'accompagnement sociale. Par exemple, le gain d'espace pose des problèmes d'implication, de gestion et d'entretien des parties communes, qui n'existaient presque pas avant. "
" Ce prix est une introspection, a déclaré François Pelegrin, Président de l'UNSFA, et le mérite du projet est de rendre compte que la démarche citoyenne ne se limite pas à l'espace public ".
Le trophée représente une motte de terre pétrie par trois mains, celle du citoyen, celle du maître d'uvre et celle de l'architecte.
La remise du prix a été achevée par la lecture d'une lettre de l'Abbé Pierre, qui n'avait pu se déplacer pour l'occasion. Une phrase a résumé toute la portée de ce prix, et alors la salle s'est levée pour applaudir : " L'honneur d'un peuple se trouve moins dans la réalisation de ses bâtiments nationaux, de ses monuments, que dans sa capacité à loger dignement tous ses habitants ".
(crédit photo: Philippe Bruchot)
Pour la deuxième édition du Prix du projet citoyen, qui récompense un projet architectural en fonction de critères d'exemplarité de la concertation citoyen-architecte-décideur, la communauté d'Emmaüs a été distinguée. La communauté de Norges-la-Ville achève cette année la reconstruction de ses équipements d'hébergement et de services sur son site du Fort de la Redoute. Les études et travaux ont duré 12 ans et les compagnons y ont participé activement. Ce travail participatif, pour une bonne appropriation des nouveaux espaces et leur adéquation au projet social, a été animé par Toussaint Boué, chef de projet de l'opération et architecte de la majeure partie des bâtiments d'hébergement. Le prix n'est pas une distinction purement architecturale. " Le jury a surtout cherché à récompenser une démarche et un accompagnement ", a précisé Philippe Madec, président du jury et lauréat de l'édition 2001.
" Les compagnons ont été très actifs. Ils ont effectué toute la VRD [voirie et réseaux divers], avec une tranchée qui fait le tour des sept hectares du campement et qui contient en plus tout le système de câblage. Ils ont réalisé plus de 50% des travaux ", souligne l'architecte. " Pour moi, l'une des gageures de ce projet fut que ma seule arme, vis à vis des compagnons, était la persuasion. Pour la partie des travaux réalisés par le service chantier interne à Emmaüs, je n'avais aucune possibilité de coercition financière. Cela a été pour moi un très fort investissement affectif et moral. "
" Pour un architecte, découvrir le monde des sans-domiciles est une provocation. Participer avec eux à l'aventure de leur redonner une " demeure " parmi les citoyens, une citoyenneté dans la société, est un engagement heureux. C'est aussi un enseignement. "
Située à 4km au Nord de Dijon, la communauté est basée sur l'ancien Fort de la Redoute, desservi par une route, crée en partie par Emmaüs. Après la viabilisation des sept hectares de terrains, et après la tranche expérimentale n°0, la réalisation des travaux, à partir de 1993, a été échelonnée en trois tranches, plus deux tranches de réhabilitation de logements et une tranche de chaufferie centrale (déchets bois) avec réseau de chaleur. En tout ont été détruits 30 bâtiments de logement, dont 19 précaires, viabilisées les voies primaires et secondaires, réhabilités 6 bâtiments de logements et 1 de service, construits 11 pour le logement et 2 pour les services, un atelier de broyage bois pour le chauffage, une chaufferie centrale, un réseau de chaleur et 8 sous-station. Soit une surface habitable et utile de 3.120m².
" Les destructions et constructions ont eu un impact émotionnel très fort que nous avons utilisé pour impulser une dynamique communautaire de participation et d'appropriation. Les constructions neuves ont créé des situations nouvelles pour lesquelles Emmaüs a du inventer des pratiques de gestion et d'accompagnement sociale. Par exemple, le gain d'espace pose des problèmes d'implication, de gestion et d'entretien des parties communes, qui n'existaient presque pas avant. "
" Ce prix est une introspection, a déclaré François Pelegrin, Président de l'UNSFA, et le mérite du projet est de rendre compte que la démarche citoyenne ne se limite pas à l'espace public ".
Le trophée représente une motte de terre pétrie par trois mains, celle du citoyen, celle du maître d'uvre et celle de l'architecte.
La remise du prix a été achevée par la lecture d'une lettre de l'Abbé Pierre, qui n'avait pu se déplacer pour l'occasion. Une phrase a résumé toute la portée de ce prix, et alors la salle s'est levée pour applaudir : " L'honneur d'un peuple se trouve moins dans la réalisation de ses bâtiments nationaux, de ses monuments, que dans sa capacité à loger dignement tous ses habitants ".
(crédit photo: Philippe Bruchot)