URBANISME. L'architecte Roland Castro, macroniste de la première heure, s'est vu confier une mission de réflexion sur le Grand Paris et le "nouveau modèle de métropole mondiale" par le président de la République. Les conclusions devront être rendues le 31 juillet 2018, avant qu'une nouvelle organisation institutionnelle pour ce vaste territoire ne soit présentée à l'automne.
Une grande marque de confiance : le président de la République a choisi l'architecte et urbaniste Roland Castro pour mener une réflexion sur le "nouveau modèle de métropole mondiale" qu'il souhaite pour le Grand Paris. Dans sa lettre de mission, Emmanuel Macron - qui avait répondu à l'invitation de l'architecte en novembre 2016 dans le quartier de la Coudraie à Poissy (Yvelines) pour débattre d'urbanisme et de logement - indique que la région capitale devra "se projeter dans une métropole durable, et donc dense, connectée, attractive et rayonnante".
Un soutien enthousiaste dès la fin de 2016
Le chef de l'Etat, qui souhaite faire évoluer l'organisation institutionnelle du Grand Paris à l'automne, représentée par la Métropole du Grand Paris (MGP), laisse donc quelques semaines à Roland Castro pour "nourrir la réflexion en cours". L'architecte avait soutenu la candidature d'Emmanuel Macron dès la fin de 2016. Dans un entretien accordé à Batiactu, qui voyait de façon prémonitoire la victoire du jeune candidat, il révélait : "(…) Il a plein de choses à dire sur la 'bonne urbanité'. Il la défend avec force. Il est, par exemple, d'accord sur l'idée de faire monter la ville dans les quartiers !". Connu pour son travail sur les banlieues, Roland Castro estimait à l'époque avoir été entendu par le candidat d'En Marche sur cette problématique : "Sur la question de la création d'un ministère en banlieue, Emmanuel Macron me suit aussi !". Une proposition restée lettre morte depuis.
'Paris en Grand' contre la capitale autocentrée
Mais l'architecte ne semble pas bouder son plaisir à l'idée de travailler sur le Grand Paris. A l'AFP, il déclare : "Il s'agit de rendre cette métropole, que je vais proposer d'appeler 'Paris en Grand', très attractive sur le plan économique et très solidaire sur le plan social". Roland Castro s'enthousiasme même : "C'est le moment d'inventer une métropole mondiale qui soit un exemple pour le monde entier et qui soit formidable pour ses habitants". Une mission difficile consistera à conjuguer flux mondiaux de touristes et vie quotidienne des Franciliens. Pour l'urbaniste, il faudra "en finir avec l'obsession des centres historiques, avec cette manière de faire des zones industrielles, des zones commerciales, etc.". Selon lui, les territoires seraient aujourd'hui trop segmentés. L'architecte estime que les Jeux Olympiques de 2024 contribueront à "décentrer l'intérêt hors du petit Paris" en plaçant le centre de gravité plus au nord, en Seine-Saint-Denis. Il évoque par exemple le port autonome de Paris, dont les installations principales sont à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), "qui pourrait devenir un lieu partagé, un lieu culturel", mais s'intéresse également au marché d'intérêt national de Rungis (Val-de-Marne) qui pourrait "devenir un lieu habité". Roland Castro entend également en finir avec le périphérique parisien et même avec l'autoroute A86 qui ceinture toute l'Île-de-France.
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En clair, l'urbaniste rêve d'une métropole "plus respirable, plus tranquille, plus calme, une oasis métropolitaine dans un monde qui se dérègle sur le plan climatique". Pour y parvenir, il travaillera avec le préfet de région et des groupes de travail regroupant maires, associations, entreprises et résidents lors de réunions publiques sur le terrain. Roland Castro avait déjà participé, en 2008, à une réflexion sur le Grand Paris aux côtés d'autres architectes, cette fois à la demande du président Sarkozy.
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