Menacée de panne généralisée de courant à l'horizon 2009/2010, la Bretagne cherche à augmenter sa faible production d'électricité, avec au moins une nouvelle centrale thermique et les énergies renouvelables dans une région forte du deuxième potentiel éolien en France.

«Une simple journée d'hiver en milieu de semaine comme celle que nous connaissons actuellement (-2° le matin) en 2010 et ce sera la coupure généralisée en Bretagne si rien n'est fait entre temps», explique Isabelle Thomas, vice-présidente du conseil régional qui doit présenter un plan énergie fin 2006.

La consommation d'électricité a augmenté de 285% depuis 1976 en Bretagne (+125% en France) alors que la région ne produit que 5% de ses besoins en énergie. Une dépendance handicapante car à partir de 300 km, le transport de courant est problématique.
Signalant une «réelle fragilité», Réseau de transport d'électricité (RTE) vient de «tirer la sonnette d'alarme». Le gestionnaire du réseau s'apprête à innover en lançant, «fin janvier, début février», un appel d'offre pour la construction d'une centrale en Bretagne.
La filiale d'EDF demande une usine thermique de 150 MW qui se mettrait en marche aux heures de pointes à partir de l'automne 2009 dans les Côtes d'Armor, avec une rémunération à la clé. Les principaux opérateurs comptent étudier l'offre, ont-ils indiqué à l'AFP.
Cet appel devrait résoudre les problèmes électriques à court terme de la Bretagne mais ne suffira pas à régler la question de sa dépendance, selon RTE.
Le gestionnaire compte sur les «initiatives» des opérateurs nombreux à avoir annoncé des investissements en France sur fonds de libéralisation du marché européen. Il estime qu'avec 800 MW à l'ouest d'une ligne Saint-Brieuc/Lorient, l'approvisionnement de la Bretagne serait sécurisé jusqu'au delà de 2020.
Parmi les opérateurs potentiels, le français Poweo, fort de son alliance avec l'opérateur historique autrichien Verbund, a indiqué travailler sur un projet de centrale à gaz de 400 MW en «sud Bretagne», nécessitant un investissement de 200 millions d'euros.
Pour sa part, EDF prévoit, en plus du lancement du réacteur nucléaire EPR en Normandie à partir de 2012, une production thermique supplémentaire de 500 MW en France en 2007-2008, dont «une partie pourrait être implantée en Bretagne».
Face à ces incertitudes, le conseil régional redoute un développement «sans pilote» des capacités et prône une démarche concertée dans une région encore marquée par la lutte contre le projet d'implantation d'une centrale nucléaire à Plogoff (Finistère), finalement abandonné en 1981.
L'augmentation doit être l'occasion pour la Bretagne d'exploiter ses atouts en matière d'énergie renouvelable, affirment l'Etat et la région qui a lancé un plan éolien de 1.000 MW pour 2010.
«L'éolien n'est pas une solution pour les périodes de pointe mais en est une pour réduire sur le fond la dépendance de la Bretagne», selon RTE. L'hydrolien (énergie des marées) est également à l'étude.
«La question ne concerne pas uniquement la production. Il s'agit aussi de maîtriser la consommation», souligne Jean-Marc Picard, le directeur régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) de Bretagne.

actionclactionfp