PATRONAT. Qui pour succéder à Pierre Gattaz ? Deux candidats s'affrontent, ce mardi 3 juillet 2018, pour prendre la tête du Mouvement des entreprises de France (Medef). Alexandre Saubot, directeur général du groupe Haulotte, et Geoffroy Roux de Bézieux, fondateur de The Phone House et Virgin Mobile, se prévalent tous les deux de soutiens dans le monde de la construction. Découvrez leurs programmes.
Il ne reste plus que deux candidats pour prendre la succession de Pierre Gattaz, à la tête du Medef depuis 2013. D'un côté, Alexandre Saubot, fils du fondateur des engins de levage Haulotte. De l'autre, Geoffroy Roux de Bézieux, spécialiste des télécommunications et de l'Internet, qui a fondé The Phone House puis dirigé Virgin Mobile France. Une bataille entre deux hommes, dont l'un se présente comme un patron provincial qui a su relever l'entreprise familiale, et l'autre comme un entrepreneur tourné vers les nouvelles technologies.
Patron de terrain…
Dans sa profession de foi, Alexandre Saubot, déclare avoir rejoint l'entreprise Pinguely Haulotte, fondée par son père en 1985 "à partir de morceaux du groupe Creusot Loire, dont tout le monde annonçait alors la liquidation" à la toute fin de 1999. Directeur opérationnel en 2004, il concentre les efforts de la société sur les nacelles élévatrices et fait progresser le chiffre d'affaires de 250 à 650 M€ en trois ans. Mais la crise frappe de plein fouet la marque dont les ventes tombent à seulement 200 M€ en 2009. Malgré tout, Alexandre Saubot parvient à traverser la tempête, en mettant en place un vaste plan de formation de près de 100.000 heures pour les salariés. Il fait aujourd'hui valoir que le groupe Haulotte est leader en Europe du matériel de levage avec 510 M€ de chiffre d'affaires (2017), dont 85 % est réalisé à l'étranger. Elu président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie depuis 2015, il annonce quitter l'ensemble de ses mandats patronaux pour se consacrer au Medef. Le candidat précise avoir reçu de nombreux soutiens de la part des fédérations, dont celle de la métallurgie (34 voix) et celle des travaux publics (14 voix), en plus du soutien du secteur bancaire (30 voix), du commerce et de la distribution (16 voix) et de l'intérim (12 voix). Un ensemble qui représente déjà 106 voix sur les 556 de l'assemblée générale du Medef.
… contre gourou de la téléphonie
Mais son adversaire, Geoffroy Roux de Bézieux, n'est pas un novice. Déjà candidat à la présidence du mouvement en 2013, il avait déjà su séduire les membres du conseil exécutif, lors d'un vote consultatif. Il avait alors recueilli 19 votes contre 18 à Pierre Gattaz et 6 à Patrick Bernasconi (président de la FNTP). Mais Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi s'étaient tous les deux retirés en faveur de Pierre Gattaz, qui avait alors choisi le premier comme vice-président, chargé de l'économie. Et, pour cette nouvelle élection, celui qui a fait sa réussite sur la téléphonie mobile, a réédité sa performance, en recevant le soutien de la majorité de cette instance consultative (22 votes sur 45, contre 16 à son concurrent). Geoffroy Roux de Bézieux bénéficie également d'un ralliement de poids : celui de la Fédération française du bâtiment (FFB) qui totalise à elle seule 48 voix sur les 556 de l'assemblée.
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Des programmes à la tonalité très similaire
Concernant leurs programmes respectifs, Alexandre Saubot propose de redresser la France à travers ses entreprises en diminuant le poids des dépenses publiques, réduisant les prélèvements afin de restaurer la compétitivité face aux autres économies européennes et en engageant une politique de simplification réglementaire. Le candidat souhaite également un grand programme d'éducation et d'apprentissage grâce à "un système efficace d'orientation associant les branches et les entreprises" en faisant "de l'alternance la voie prioritaire d'obtention des diplômes professionnels". Il entend rénover le mouvement des entrepreneurs en termes de représentation, de participation au débat public et de fonctionnement statutaire. De son côté, Geoffroy Roux de Bézieux insiste sur les transformations de l'économie mondiale et l'impact de la révolution numérique. Lui aussi réclame une baisse des dépenses publiques, une diminution de la fiscalité et des prélèvements obligatoires ainsi qu'une simplification du droit du travail. Et, lui aussi prévoit de redéfinir les conditions d'un dialogue social renoué avec les organisations syndicales, avec une redéfinition de la participation du Medef aux systèmes paritaires. Facilitation des transitions entre les métiers et les filières, formation des salariés aux postes de demain et soutien à l'exportation constituent d'autres points de son programme. Sans surprise, Geoffroy Roux de Bézieux annonce une évolution interne du Medef, sur le plan de la gouvernance et du financement. Le choix sera donc bien un choix de personnes, plus que d'idées.