JUSTICE. Le major du BTP a été mis en examen à la fin 2020 pour homicides involontaires dans le cadre de l'enquête sur l'accident d'un autocar scolaire en février 2016 à Rochefort, en Charente-Maritime, qui avait tué six adolescents. Le véhicule avait été éventré par la ridelle ouverte d'un camion-benne, propriété du groupe.
Le groupe de BTP Eiffage a été mis en examen fin novembre 2020 pour "homicides et blessures involontaires par personne morale" dans le cadre de l'enquête sur l'accident d'un autocar scolaire qui s'était produit à Rochefort, en Charente-Maritime, en février 2016. Le véhicule avait été éventré par la ridelle ouverte d'un camion-benne, propriété du groupe, causant la mort de six adolescents. Le procureur de la République de La Rochelle, Laurent Zuchowicz, a ainsi confirmé à l'AFP l'information émanant du journal local La Charente Libre.
La ridelle était dans une position "inhabituelle et dangereuse"
Le 11 février 2016 vers 7h15 du matin, un car scolaire avait croisé dans l'agglomération de Rochefort un camion-benne, parti d'un entrepôt Eiffage situé à 800 mètres du lieu du drame. Le flanc de l'autocar avait alors été cisaillé par la ridelle ouverte du tracteur, tuant cinq lycéens et un collégien âgés de 15 à 18 ans, et en blessant deux autres, sur les quinze adolescents qui se trouvaient alors à bord. Les investigations techniques, et particulièrement la reconstitution des faits qui avait eu lieu quelques jours après, s'étaient focalisées sur cette ridelle latérale. Selon la communication du parquet à l'époque, cette paroi métallique maintenant en place le chargement de la benne était ouverte à 90 degrés au moment de la collision, et apparemment depuis un certain temps. Une position jugée "inhabituelle et dangereuse" qui avait déjà conduit un automobiliste, peu de temps avant l'accident, à faire un écart pour l'éviter. Le choc s'est produit alors qu'il faisait encore nuit et par temps de pluie ; le chauffeur du car n'avait aperçu la ridelle ouverte qu'au dernier moment, et la paroi métallique a fait exploser le pare-brise du véhicule, qui ne s'est arrêté que quelques mètres plus loin sous l'effet de l'inertie.
Le drame a évidemment choqué la ville de Rochefort ainsi que celle de Surgères, à 25 kilomètres de là, où les six victimes étaient scolarisés. Quelques jours après l'accident, le chauffeur du camion-benne, alors âgé de 23 ans, avait été mis en examen pour homicides et blessures involontaires, et laissé libre sous contrôle judiciaire. Le conducteur de l'autocar, pour sa part, avait vu sa garde à vue levée le soir-même du drame, sans charge retenue contre lui.
Un procès pourrait intervenir "fin 2021"
Ce 28 janvier 2021, le procureur Laurent Zuchowicz a estimé que l'instruction pourrait être clôturée "d'ici deux mois" environ, et qu'un procès pourrait intervenir "fin 2021" ; un dénouement qui, d'après lui, "serait bien pour les familles". Contactée par l'AFP jeudi soir, la direction de la communication du groupe Eiffage a indiqué que l'entreprise ne souhaitait pas s'exprimer sur une instruction judiciaire en cours. Les avocats des familles de victimes n'ont quant à eux pas pu être joints.