JUSTICE. Le procès visant à dégager des responsabilités à la suite de l'effondrement du terminal 2E, en 2004 à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, s'est ouvert. Le drame avait été à l'origine de quatre morts.
Le procès pour homicides et blessures involontaires de quatre sociétés dont Aéroports de Paris s'est ouvert lundi 10 décembre 2018 à Bobigny, quatorze ans après l'effondrement du terminal 2E à Roissy qui avait fait quatre morts, un délai déraisonnable selon la défense.
Le groupe ADP (Aéroports de Paris), le constructeur GTM (filiale de Vinci), le bureau d'études Ingerop et le groupe d'inspection et de certification Bureau Veritas sont jugés jusqu'à vendredi par le tribunal correctionnel. Le toit de l'aérogare la plus prestigieuse du deuxième aéroport européen avait cédé au petit matin du 23 mai 2004, onze mois après son inauguration : six arcs en béton et quatre passerelles s'étaient effondrés sur une trentaine de mètres, au niveau de la jetée d'embarquement.
Une "sous-traitance empêchant toute vue d'ensemble du projet"
Quatre voyageurs étrangers âgés de 27 à 37 ans étaient décédés : une Libanaise, une Ukrainienne et deux Chinois. Sept personnes avaient également été blessées, dont deux policiers de la police aux frontières qui venaient d'être dépêchés sur place après le signalement d'une fissure. Il est notamment reproché à l'exploitant ADP "des négligences", de la "maladresse" et une "sous-traitance empêchant toute vue d'ensemble du projet", a rappelé la présidente Sophie Barbaud en ouverture du procès.
Dès le début des débats, des avocats de la défense ont estimé que le procès ne respectait pas l'impératif de délai raisonnable, portant atteinte "au droit à un procès équitable", un argument rejeté par la présidente du tribunal. "Le délai raisonnable a complètement explosé, les conséquences du temps sont importantes : l'architecte Paul Andreu est décédé, des avocats sont partis à la retraite, quant aux experts pénaux ils sont absents. Ce n'est pas seulement une fantaisie tant cette affaire ne paraît plus jugeable pénalement", a estimé Jean-Yves Leborgne, l'avocat de Bureau Veritas. Une position partagée par le groupe GTM, défendu par Philippe Goossens et Ingerop.
"Je ne pense pas que ce temps écoulé va bénéficier aux parties civiles. Je regrette également que des experts ne puissent pas venir, mais pourquoi aucun des mis en examen n'a demandé la clôture de ce dossier avant ?", a rétorqué Clarisse Serre, l'avocate de l'une des seules parties civiles présentes à l'audience, la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac). "Il est important que les victimes reçoivent des dommages et intérêts, le tribunal ne tombera pas dans ce piège. Le temps est venu de juger", a abondé le procureur, Loïc Pageot.