RENOUVELABLES. L'électricien national a été sélectionné pour assurer la conception, la construction, l'exploitation et le démantèlement du futur parc d'aérogénérateurs marins à une trentaine de kilomètres au large des côtes de la Manche et du Calvados. La nouvelle installation portera à 4 gigawatts la puissance cumulée de la filière.

C'est une victoire symbolique pour l'électricien national, généralement rattaché à l'image de ses réacteurs nucléaires. À l'issue du quatrième appel d'offres sur l'éolien en mer lancé en janvier 2021, le ministère de la Transition énergétique vient de sélectionner la société "Éoliennes en mer Manche Normandie" pour assurer la conception, la construction, l'exploitation et le démantèlement du futur parc d'aérogénérateurs marins baptisé "Centre Manche 1", à 32 km au large des côtes normandes.

 

 

Détenue par le consortium EDF Renouvelables, filiale du groupe EDF, et Maple Power, gestionnaire canadien de projets éoliens "offshore" en Europe, "Éoliennes en mer Manche Normandie" devra donc faire émerger des vagues une capacité installée d'environ 1 gigawatt (GW). À cheval sur les départements de la Manche et du Calvados, le futur parc est censé fournir l'équivalent de la consommation électrique annuelle de plus de 1,5 million d'habitants, ce qui représente environ la moitié des besoins en électricité de la population de la région Normandie.

 

"Nous sommes heureux de poursuivre notre collaboration de confiance avec le territoire normand en faveur de la transition énergétique", a déclaré pour l'occasion Luc Rémont, président-directeur général d'EDF. L'énergéticien n'en est effectivement pas à son coup d'essai : la nouvelle installation sera la 5e du genre à l'échelle nationale, et la 3e à l'échelle de la Normandie, qu'il développe en collaboration avec Maple Power.

 

Une cinquantaine de parcs éoliens en mer d'ici 2050

 

Les deux partenaires ont déjà signé le parc au large de Saint-Nazaire, d'une capacité de 480 mégawatts (MW) et qui est exploité depuis fin 2022. Ils sont également en train de construire les installations de Fécamp (500 MW) et du Calvados (450 MW), ainsi que le projet de ferme-pilote d'éoliennes flottantes de Provence Grand Large (25 MW). Avec Enbridge, l'un des actionnaires de Maple Power, EDF poursuit aussi le développement du parc de Dunkerque, d'une capacité de 600 MW.

 

Le projet Centre Manche 1 s'inscrit plus largement dans les objectifs de politique énergétique de l'exécutif, basés sur le discours de Belfort d'Emmanuel Macron qui avait annoncé, nonobstant la relance du nucléaire, la construction d'une cinquantaine de parcs éoliens en mer d'ici 2050, pour atteindre au total 40 GW de puissance installée. Avec le futur parc de la Manche et du Calvados, la puissance cumulée des projets éoliens "offshore" actuellement en développement va s'élever à 4 GW.

 

Tarif "très compétitif"

 

Le Gouvernement explique son choix par le tarif "très compétitif" du projet porté par "Éoliennes en mer Manche Normandie", qui serait inférieur à 45 euros le mégawatt-heure, a précisé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, à La Presse de la Manche, d'après l'AFP.

 

"Cette procédure de mise en concurrence a permis d'introduire de nouveaux critères renforçant le rayonnement du projet sur l'économie locale et l'environnement, les offres des candidats ayant été notées sur divers engagements : recyclage des pales, contribution à un fonds de protection de la biodiversité, taux de recours à des PME (petites et moyennes entreprises) pour la construction et l'exploitation, recours à l'investissement participatif, etc", explique l'hôtel de Roquelaure.

 

 

"Cette filière, c'est aussi 6.600 emplois en France, en croissance de 36% en un an, et des usines qui sortent de terre dans nos territoires et qui représentent un tiers des moyens de production à l'échelle européenne", a ajouté Agnès Pannier-Runacher.

 

En attendant la mise en service du parc Centre Manche 1 en 2031, le Gouvernement a par ailleurs annoncé la publication, en avril, du cahier des charges du projet d'éolien en mer flottant de 250 MW en Sud Bretagne, "l'un des premiers au monde attribué par appel d'offres commercial". Son attribution est prévue pour la fin de l'année 2023. De même, les deux projets de parcs au large de l'île d'Oléron et de la Normandie seront attribués début 2024, pour une mise en service en 2032.

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