L'électricien français ambitionne de multiplier par deux son chiffre d'affaires dans les services énergétiques pour les entreprises et collectivités d'ici à 2025. Le groupe s'appuiera sur l'ensemble de ses sociétés, comme Dalkia ou Citelum, rassemblées pour l'occasion sous la marque générique "EDF Solutions énergétiques". Henri Lafontaine, directeur exécutif du Pôle Clients, Services et Action régionale dévoile le projet.
Le monde de l'énergie est en pleine transition : il faut lutter contre le réchauffement climatique et réduire les consommations, en améliorant l'efficacité énergétique et en valorisant des ressources jusque-là inexploitées. Mais d'autres évolutions arrivent concomitamment, comme l'analyse Henri Lafontaine, le directeur exécutif du Pôle Clients, Services et Action régional d'EDF : "Il y a une triple mutation, énergétique, numérique et sociétale. On assiste au développement du numérique, du big data et des objets connectés. Mais également à une mutation sociétale avec l'apparition des 'consommacteurs', de l'autoconsommation et de la citoyenneté énergétique". Trois phénomènes qui trouveraient des réponses dans le développement de services énergétiques où EDF va chercher des relais de croissance.
Neuf milliards d'euros en 2025, onze en 2030
Son ambition est claire : doubler ses 4,4 Mrds € de chiffre d'affaires actuels dans ce domaine d'ici à 2025, dont au moins un quart sera réalisé à l'étranger. Puis parvenir à 11 Mrds € de revenus cinq ans plus tard, dans le cadre de la Stratégie Cap 2030. Le groupe français compte s'appuyer sur ses innombrables filiales et entités qu'il s'agisse de réseaux de chaleur et de froid (Dalkia), de valorisation de ressources locales (Tiru), de production décentralisée (EDF Energies Nouvelles Réparties), d'efficacité énergétique (NetSeenergy), de management de l'énergie depuis l'audit jusqu'au pilotage (Optimal Solutions), de services urbains (Citelum) ou de mobilité durable (Sodetrel). "Nous disposons d'une gamme très large d'expertises", assure Henri Lafontaine. Autant d'identités qui seront rassemblées sous une marque ombrelle "EDF Solutions énergétiques" n'ayant pas vocation à les remplacer.
Sylvie Jehanno, la directrice générale de Dalkia, rappelle l'étendue des compétences de son entreprise : "Le cœur de métier était l'entretien-maintenance, l'exploitation comme on dit de nos jours, de chaudières. Aujourd'hui il s'agit de réseaux de chaud et de froid, de garantie de performances énergétiques. Nous sommes au cœur de la transition avec des énergies renouvelables et de récupération, notamment via la valorisation de déchets ou de chaleur fatale". La société produit ainsi 3 TWh par an et permet d'éviter l'émission de 3,2 Mt de CO2 dans l'atmosphère, une quantité qui équivaut à l'empreinte carbone de la métropole strasbourgeoise. "Nous exploitons 353 réseaux de chaleur en France sur les 600 qui existent, et notamment le premier réseau de chaleur intelligent qui est à Lyon", poursuit-elle. Un réseau de 250 km, alimenté à 65 % par des sources renouvelables (biomasse), et qui dispose d'une possibilité de stockage grâce à de l'eau chauffée aux moments où la consommation le permet puis restituée lors des pointes. "La numérisation permet d'optimiser production et consommation. Nous faisons un travail sur le data de la ville, pour informer les consommateurs. Et le réseau a été modélisé en 3D afin d'améliorer son tracé", argumente la directrice générale.
Procéder à des opérations de croissance externe
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Carmen Munoz-Dormoy, son alter-ego de Citelum, renchérit : "Nous sommes opérateurs d'infrastructures urbaines. Cela concerne donc l'éclairage public mais aussi la signalisation, les capteurs de la ville intelligente, les caméras de vidéosurveillance… le tout, au service des collectivités et des citoyens". La filiale dédiée propose des services d'économie d'énergie aux municipalités qui peuvent atteindre les -60 % grâce à des solutions pilotage en temps réel. Elle gère également des problématiques de trafic et de stationnement en dynamique, afin de fluidifier les transports, notamment dans des villes traditionnellement engorgées comme Sète (Hérault), enclavée entre la Méditerranée et l'étang de Thau. "Et le patrimoine est mieux mis en valeur par nos éclairages", note la directrice générale de Citelum dont la société réalise 80 % de son activité à l'international.
A l'étranger justement, qui doit représenter plus de 25 % du chiffre d'affaires d'EDF Solutions énergétiques en 2025, Henri Lafontaine précise : "Nos priorités sont situées en Grande-Bretagne, en Belgique, en Italie et aux Etats-Unis où il y a des synergies fortes entre filiale locale de commercialisation et exploitants/fournisseurs de services". Le directeur exécutif du Pôle Clients ajoute que le groupe guettera des opportunités, y compris dans les grands réseaux de chaleur européens, pourvu que l'acquisition entre dans le cadre de la stratégie d'entreprise.