Depuis 1973, EDF produit de l'électricité à partir des eaux de fonte du plus grand glacier de France sous lequel est installé l'un des aménagements hydrauliques les plus discrets de son parc. Avec le recul accéléré de la Mer de Glace, cette production pourrait s'arrêter. EDF a donc entrepris, début décembre 2008, d'importants travaux pour adapter son installation, sans nuire au milieu naturel ni à l'activité du site.
Envisagé avant la Seconde guerre mondiale, l'aménagement des Bois, mis en service en 1973, capte l'eau de fonte du plus grand glacier français à partir de laquelle sont produit ainsi quelque 115 millions de kWh par an. «Soit l'équivalent de la consommation d'une ville comme Annecy, à savoir 40.000 habitants», souligne Laurent Buissart, chargé de ce chantier chez Spie Batignolles. Cette activité s'effectue en toute discrétion car, de la prise d'eau à la centrale, en passant par la roue pelton* et l'alternateur, ainsi que les ouvrages de transport d'électricité, tout est en souterrain pour ne pas porter atteinte à la beauté du site classé du Mont-Blanc.
Mais selon les chercheurs du Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement de Grenoble, le glacier de la Mer de Glace perd chaque année 30 m de long et entre 4 et 6 m d'épaisseur. Ainsi, depuis 1850, il aurait reculé de 150 m et perdu 110 m d'épaisseur. A ce rythme, le lieu de captage de l'eau par EDF, situé à 1.500 m d'altitude sous plus de 100 m de glace au départ, «allait se retrouver à l'air libre et donc devenir inutilisable. Et avec le temps, le captage de la Mer de Glace a été enseveli en juin 2009 sous les chutes de moraines, c'est-à-dire des blocs rocheux», explique Laurent Buissart.
Ainsi, et après des études, et en concertation avec la mairie de Chamonix et les services de l'Etat, EDF a donc décidé de déplacer sa prise d'eau, entre 600 et 1.000 m en amont de l'actuelle.
Mais selon les chercheurs du Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement de Grenoble, le glacier de la Mer de Glace perd chaque année 30 m de long et entre 4 et 6 m d'épaisseur. Ainsi, depuis 1850, il aurait reculé de 150 m et perdu 110 m d'épaisseur. A ce rythme, le lieu de captage de l'eau par EDF, situé à 1.500 m d'altitude sous plus de 100 m de glace au départ, «allait se retrouver à l'air libre et donc devenir inutilisable. Et avec le temps, le captage de la Mer de Glace a été enseveli en juin 2009 sous les chutes de moraines, c'est-à-dire des blocs rocheux», explique Laurent Buissart.
Ainsi, et après des études, et en concertation avec la mairie de Chamonix et les services de l'Etat, EDF a donc décidé de déplacer sa prise d'eau, entre 600 et 1.000 m en amont de l'actuelle.
Un accès difficile
L'accès à cette prise d'eau, difficile à pied étant donné la topographie des lieux, se fait via un téléphérique installé par EDF au début des années 60. L'entrée se trouve à flanc de falaise, à 1.415 m d'altitude, et à la lueur d'un faible éclairage et d'une lampe frontale, il faut ensuite parcourir les 800 mètres de galerie souterraine à pied ou à vélo, puis gravir 314 marches d'un escalier abrupt, avec un dénivelé de 70 m, non sans s'être encordé pour des raisons de sécurité. Et c'est là, à près de 1.500 m d'altitude sous 100 m de glace que le futur captage recueillera les eaux de fonte. En site classé, le chantier s'est paré de toutes les précautions. Mineurs et guides de haute montagne s'activent jour et nuit. Un peu plus de quarante personnes sont mobilisées avec cinq équipes de minage. «Il s'agit, en effet, d'un travail à postes 7 jours sur 7 et 24 heures/24 », précise Laurent Buissart.
Percement de deux tunnels
EDF a donc confié la réalisation de ce chantier aux conditions extrêmes (2.400 m de galeries de petites dimensions à 1.500 m d'altitude) à Spie Batignolles TPCI et Sotrabas. Le chantier consiste à réaliser un captage provisoire et un captage définitif. Dans un premier temps, une galerie de dérivation provisoire a été creusée sur 180 m afin de prolonger, pour quelques années, le captage bas de l'eau. Ces travaux se sont achevés le 15 avril 2009. Le chantier principal concerne le percement de deux tubes, le creusement d'une galerie de reconnaissance, qui permettra, en exploitation, les interventions humaines d'entretien du tunnel d'amenée de l'eau, puis un tunnel d'amenée sera ensuite creusé. «Deux endroits donnent accès au tunnel d'amenée, l'étanchéité étant assurée par de très solides portes étanches qui peuvent supporter jusqu'à 10 bars de pression», souligne Laurent Buissard.
En ce qui concerne les travaux d'exécution, «ils ont été effectués avec des techniques traditionnelles». Les matériels utilisés sont de petite taille afin de pouvoir se déplacer dans les tunnels de 3 m de diamètre. Ces derniers sont réalisés par un enchaînement de perçages au robofore à 1 ou 2 bras, de mises en œuvre d'explosifs, puis de déblaiement au chargeur à pneu, «sans oublier les soutènements le cas échéants». Les tunnels sont creusés à une vitesse moyenne de 30 ml/s. Le sol du tunnel de reconnaissance reçoit un béton livré sec en big bags de 900 kg. «Les plus gros équipements sont acheminés par hélicoptère, sinon par téléphérique et monte-charge», précise Laurent Buissart.
Enfin, différents éléments ont également été réalisés au début du percement des tunnels : une caverne pour la centrale à béton, un réfectoire et un atelier d'entretien et de réparation des engins. Tous les 400 mètres, un élargissement de la galerie permet de stocker momentanément les déblais que reprend le second chargeur. Et tous les 200 mètres, une surexcavation est réalisée afin de pouvoir avancer un transformateur d'électricité et le système de ventilation.
*Roue pelton : Type de turbine hydraulique utilisée dans les centrales hydroélectriques
Installation du chantier
Réalisation de travaux préparatoires.
Divers moyens d'acheminement du matériel
En fonction de l'encombrement des équipements à livrer, le chantier peut être approvisionné soit par le téléphérique automatisé jusqu'à l'entrée du chantier, puis par un monte-charge, situé parallèlement à un escalier abrupt, ou par hélicoptère.
En amont du chantier
L'aménagement des Bois, quasi invisible à tous randonneurs, capte l'eau de fonte du plus grand glacier français, à partir de laquelle sont produits 115 millions de kWh par an.
A 1.500 m d'altitude
L'accès à cette prise d'eau, difficile à pied étant donné la topographie des lieux, se fait via un téléphérique installé par EDF au début des années 60.
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De nos jours, une Sainte Barbe trône toujours à l'entrée des tunnels en construction pour protéger les ouvriers-mineurs des accidents de chantier.
De nos jours, une Sainte Barbe trône toujours à l'entrée des tunnels en construction pour protéger les ouvriers-mineurs des accidents de chantier.
314 marches à gravir
Escalier d'accès au captage avec un dénivelé de 70 mètres.
Sous 100 mètres de glace
Ce chantier s'effectue en toute discrétion car, de la prise d'eau à la centrale, en passant par la turbine hydrolique et l'alternateur, ainsi que les ouvrages de transport d'électricité, tout est en souterrain pour ne pas porter atteinte à la beauté du site classé du Mont-Blanc.
Excavation
Des travaux d'excavation délicats
Les travaux d'excavation sont réalisés en méthode traditionnelle, au moyen d'explosifs et d'un enchaînement de perçages au robofore à 1 ou 2 bras. L'avancement est d'environ 5 mètres par jour.
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Un chantier se déroule 24/24h
Au cours des travaux sous la glace, ce chantier accueille 5 guides de haute montagne qui se relayent en continu sur le chantier.
Avancement d'une trentaine de mètres par semaine
En hiver, le creusement de la grotte de glace est réalisé par projection d'eau chaude à 37 degrés au moyen de lances d'incendie.
Sous le glacier
Si la glace n'est pas chauffée, elle peut se reformer de 20 cm par jour.
Observation du glacier
Parallèlement à ces travaux, le groupement Spie batignolles TPCI et Sotrabas entreprend des travaux de reconnaissance dans le glacier de la Mer de Glace, à la recherche d'un torrent et pour étudier la morphologie du socle rocheux. Ces travaux sont encadrés par un guide de haute montagne.
Un chantier dans des conditiosn extrêmes
Certains matériels sont stockés à l'extérieur.
Maîtrise d'ouvrage : EDF Unité de production Alpes, Grenoble
Maîtrise d'œuvre et coordination SPS : EDF Centre d'ingénierie hydraulique, Chambéry
Entreprises : Spie batignolles TPCI (mandataire) et Spie batignolles Sotrabas, Boulogne Billancourt et La Bathie (73)
Coût du chantier : 15 millions d'euros
Tunnels à creuser : environ 2,5 kilomètres
Excavation de roches : 23.000 m3
Excavation sous glaciaire : 2.500 m3
Heures de fonte de glace : 6.000 heures
Durée du chantier : de décembre 2008 à septembre 2011