Un arrêté interministériel autorisant sous conditions certaines centrales nucléaires d'EDF à relâcher cet été dans les rivières des eaux plus chaudes afin de faire face aux «conditions climatiques exceptionnelles» est paru dimanche au Journal Officiel.

Empêcher un «déséquilibre» entre l'offre et la demande d'électricité, tel est le but de cet arrêté, qui prend effet immédiatement et restera en vigueur jusqu'au 30 septembre. Il fait suite une demande de la part d'Electricité de France (EDF) au gouvernement d'autoriser «par précaution la mise en place de mesures exceptionnelles», afin de «maintenir la sécurité d'approvisionnement en électricité sur le territoire». Annoncé samedi soir, il a été signé par les ministres de l'Industrie, de l'Environnement et de la Santé.

Selon le texte, les centrales thermiques effectuant des rejets d'eau dans les bassins fluviaux de la Garonne, du Rhône, de la Seine, de la Meuse et de la Moselle, pourront continuer à pratiquer ces rejets à condition que les écarts de température entre l'amont d'une part et l'aval (après mélange) d'autre part ne dépasse pas certains niveaux.
Ce niveau est fixé à 0,3°C pour le bassin de la Garonne, 1,5°C pour la Meuse, la Moselle et la Seine, et 1°C pour le Rhône lorsque les installations sont équipées de tours réfrigérantes. Dans le cas contraire, la valeur est portée à 3°C, selon le texte de l'arrêté. D'autres mesures, tels des lâchers d'eau depuis les barrages en amont de la Garonne, sont également prévues dans certains cas.
Toujours selon le texte précise, l'utilisation de telles mesures «est réduite dans toute la mesure du possible et est limitée aux situations où le gestionnaire du réseau de transport d'électricité requiert le fonctionnement de l'installation à un niveau de puissance minimal pour assurer la sûreté du système électrique ou l'équilibre entre la consommation et la production d'électricité».
Des mesures comparables avaient déjà été mises en place lors de la canicule de l'été 2003.

Le réseau «Sortir du nucléaire» réagit

Face à la demande d'EDF que ses centrales puissent rejeter des eaux de refroidissement à des températures «légèrement supérieures» aux normes, le réseau «Sortir du nucléaire» a exprimé samedi sa «colère».
Dans un communiqué, le réseau accuse EDF de «sacrifier l'environnement au profit de la production nucléaire». «La question des rejets d'eau trop chaude est d'ailleurs loin d'être le seul problème grave», estime l'organisation. Elle dénonce aussi «l'aggravation en période de canicule des émissions de légionelles mortelles par les tours de refroidissement des centrales nucléaires», «l'aggravation du danger nucléaire dans les quatre centrales situées en bord de mer» qu'EDF fait selon elle «fonctionner à flux tendu». L'organisation accuse également les centrales nucléaires de procéder à des «rejets chimiques massifs» dans des rivières «au débit trop faible». «Il est grand temps de comprendre que le nucléaire est condamné par le réchauffement climatique, déclare «Sortir du nucléaire». C'est le dérèglement climatique qui s'attaque au nucléaire et non l'inverse»

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