La très controversée taxe poids lourds verra-t-elle bien le jour au 1er janvier prochain ? Rien n'est moins sûr, au vu des dernières opérations coup de poing du monde agricole et de l'hésitation du gouvernement à ce sujet. Les professionnels du bâtiment ne comptent pas rester sur la touche et attendent les arbitrages avec attention. Jean-Marc Ayrault a prévu une réunion ce mardi avec les ministres concernés.
L'écotaxe poids lourds serait-elle la nouvelle Arlésienne ? On en parle depuis cinq ans, et toujours rien à l'horizon… Et la date d'entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2014 risque de devenir caduque dans les prochains jours, si le gouvernement effectue une nouvelle "reculade".
Ce lundi, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, devait rendre des propositions d'aménagement à Jean-Marc Ayrault, suite aux violents mouvements de protestation des transporteurs et agriculteurs bretons. L'embrasement de cette région est ainsi à l'origine d'un nouveau vent de contestation contre cette taxe - qui doit s'appliquer aux camions de plus de 3.5 tonnes et qui doit inciter les transporteurs à privilégier des modes de transports plus écologiques. Si d'autres secteurs d'activité avaient déjà dit leur colère face à cette nouvelle imposition, cette fois, les Bretons ont su donner suffisamment de voix pour que Matignon se charge aussitôt du dossier. Lundi soir, les conclusions du rapport de Stéphane Le Foll n'étaient toujours pas connues, mais des rumeurs parlaient d'une détaxe de 50% qui serait accordée à la Bretagne, ou encore de mesures pour l'agriculture et l'agroalimentaire.
Un mode de répercussion encore inégal
"Toutes les modifications apportées à ce dispositif sont les bienvenues, mais nous voulons l'égalité pour tous. Le ministre va traiter le problème des Bretons, mais d'autres régions souffrent !", s'est exclamé Géraud Spire, Président de la Fédération du négoce bois et matériaux (FNBM). Toujours très en colère contre cette écotaxe, il a de nouveau redit les motifs pour lesquels les professionnels de la construction s'y opposent. "Trop, c'est trop ! Encore une taxe ! Et même si elle a été votée il y a cinq ans, le contexte n'est plus le même aujourd'hui. Et puis comment faire pour ne plus faire circuler nos camions ? Le transport fluvial et le réseau ferré ne sont pas toujours adaptés", nous confie-t-il. En outre, il dénonce la "complexité" du dispositif. "L'Etat attend une recette de 1.2 Md€, mais sa mise en place, son recouvrement, l'installation des portiques et des boîtiers… tout cela aura un coût de 300 M€", ajoute-t-il.
L'argument que la taxe ne sera pas élevée - entre 0.12 et 0.15 € par kilomètre - est également rejeté par la FNBM, qui réclame toujours d'obtenir un mode de répercussion identique à celui mis en place pour les transporteurs. En attendant, le lobbying auprès du ministère du Transport se poursuit…
"Je réunirai demain mardi 29 octobre à 10 heures à Matignon les élus bretons", a indiqué, lundi en soirée, le Premier ministre. Y participeront les ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, des Transports, Frédéric Cuvillier, et de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, ainsi que le préfet de région.