L’universitaire danois Bjoern Lomborg, auteur de "L'écologiste sceptique, le véritable état de la planète" un qui déchaîne les passions pour des thèses iconoclastes sur le changement climatique, est cette semaine à Paris pour promouvoir la traduction française de son best-seller.

Ce professeur de statistique de l'Université d'Aarhus (Danemark) est porté aux nues ou voué aux gémonies depuis la sortie en anglais en 2001 de cette somme de 743 pages.
C'est un "humaniste" aux raisonnements "rigoureux", estime l'ancien ministre de la Recherche Claude Allègre qui préface l'édition française (Cherche-Midi), dixième traduction de l'ouvrage. C'est "Tintin au pays de l'écologie", jugeait l'économiste Olivier Godard en janvier 2003.

Lomborg écrit que "la planète se porte mieux" de jour en jour en examinant les thèmes emblématiques de l'écologie et du développement: espérance de vie, santé, malnutrition, déforestation, énergie, pollution de l'eau et de l'air, déchets, risques chimiques, effet de serre.

C'est ce dernier chapitre de 130 pages qui déclenche les controverses. Lomborg y assène que combattre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre éviterait "4.820 milliards de dollars" de dégâts d'ici la fin du siècle mais coûterait entre "4.575 et 37.632 milliards de dollars".

Pour la seule année 2012, l'échéance du protocole de Kyoto, les réductions d'émissions prévues par cet accord coûteraient jusqu'à "893 milliards de dollars" aux pays industriels. En incluant les Etats-Unis qui entre-temps ont rejeté Kyoto.
D'où l'idée fondamentale qu'"une réduction radicale des émissions de CO2 coûtera bien plus cher que des mesures pour s'adapter à des températures plus élevées". Et d'insister, dans un entretien avec l'AFP, sur le fait que les fonds consacrés à la lutte contre l'effet de serre seraient "bien mieux employés" à aider le tiers monde et "combattre le sida et une foule d'autres problèmes beaucoup plus prioritaires que le changement climatique".

"Ce statisticien ou réputé tel présente les données comme ça l'arrange, large fourchette pour les coûts mais chiffre précis pour les dégâts", contrait dès décembre 2001 le professeur américain Stephen Schneider (Stanford).

Les estimations sur les coûts et les bénéfices de la lutte contre l'effet de serre sont "très grossières" et "résultent d'un seul modèle partant d'hypothèses subjectives", déclare à l'AFP l'économiste français Jean-Charles Hourcade, un des coordinateurs des rapports de l'IPCC. Et de rappeler que ce groupe de 3.000 experts du changement climatique, travaillant sous l'égide de l'ONU, base ses dernières conclusions sur 40 modèles.

Pour l'IPCC, la mise en oeuvre du protocole de Kyoto coûterait aux pays industriels, Etats-Unis inclus, "23,2 à 104,3 milliards de dollars" en 2012, soit au pire 0,75% de leur PIB. En réalité bien moins, souligne M. Hourcade, ces estimations ignorant notamment les échanges de droits d'émission qui allègeront fortement la facture des pays très pollueurs.

"Il n'est pas question de sacrifier le développement pour combattre le changement climatique, bien au contraire", martèle par ailleurs cet expert.
"Réduire les gaz à effet de serre, c'est réduire les chocs pétroliers et mettre en place des systèmes énergétiques plus efficaces. Lomborg oublie que la sécurité énergétique et pétrolière est également une question primordiale pour les pays en développement".

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