Des eaux usées au biogaz, Strasbourg entre dans un cercle vertueux

Ségolène Royal a inauguré l'unité de valorisation des déchets de station d'épuration de la communauté urbaine de Strasbourg. L'usine, qui transforme des résidus organiques en biogaz, augmente la production locale d'énergie renouvelable en alimentant l'équivalent de 5.000 logements BBC. La ministre souhaite accélérer le lancement d'autres projets sur le territoire national.

"Le projet Biovalsan, porté par la communauté urbaine de Strasbourg, par Réseau GDS et par Suez Environnement illustre plusieurs facettes de la transition énergétique en marche dans les territoires", annonce la ministre de l'Ecologie, en visite en Alsace. L'unité valorise en effet les déchets de la station d'épuration des eaux usées en produisant du biogaz, ce qui a le double avantage de produire une énergie renouvelable localement tout en réduisant la consommation de gaz d'origine fossile. "Cette production garantie de 'gaz vert' permettra d'alimenter l'équivalent de 5.000 logements aux normes BBC ou 1.500 véhicules motorisés au gaz", assure Ségolène Royal. Le projet illustre donc l'application à l'échelle industrielle de l'économie circulaire, où les déchets se transforment en ressources.

Remplacer le gaz fossile importé par du gaz vert local

Insistant sur les bienfaits du "gaz vert", la ministre a rappelé toutes ses actions destinées à accélérer l'essor de cette énergie dans le cadre de la transition : "La France est dotée d'un important réseau de transport et de distribution de gaz. Ces réseaux sont un atout pour le développement de nos territoires". Elle a souligné la nécessité d'évolution pour ces réseaux, qui transportent aujourd'hui du gaz naturel (donc fossile), "une énergie utile à court terme pour la transition énergétique car il émet moins de gaz à effet de serre que les hydrocarbures et que le charbon", précise Ségolène Royal. La France s'est toutefois engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (-40 % en 2030 puis -75 % en 2050) et doit donc remplacer le gaz naturel par du biogaz. Ce dernier ne sera "pas nécessairement moins cher que le gaz naturel", avertit la ministre de l'Ecologie, qui poursuit : "Mais comme il est produit en France, son développement permettra de remplacer de coûteuses importations depuis les pays producteurs de gaz par de l'investissement local".

Une première étape devrait être atteinte en 2023, avec 6 à 8 TWh de biométhane injectés par an dans les réseaux, soit la production de 400 à 500 unités équivalentes à Biovalsan, puis 12 à 30 TWh en 2030. "En juin 2014, j'ai mis en place le cadre réglementaire nécessaire pour autoriser et soutenir la production de biogaz à partir de boues de station d'épuration", rappelle Ségolène Royal. "C'est ce travail qui a permis d'aboutir au projet que nous inaugurons aujourd'hui. C'est la première installation de ce type et le potentiel qui reste à équiper est important". La ministre estime qu'une soixantaine de stations d'épuration pourraient être équipées d'ici à la fin de la décennie, afin d'injecter 0,5 TWh par an, soit de quoi couvrir la consommation de plus de 40.000 ménages. Elle a également tenu à rassurer sur une éventuelle dangerosité de ces installations : "Je veux rappeler que le travail fait par l'Anses en 2013 avait montré que le biométhane issu de stations d'épuration ne présentait pas plus de risques sanitaires que le gaz naturel".

Tenir les objectifs du biogaz, coûte que coûte

A une autre échelle, celle des méthaniseurs agricoles, des mesures ont également été prises récemment, avec une revalorisation des tarifs d'achat de l'électricité produite, au mois de juillet 2015. La ministre de l'Ecologie détaille : "L'avis de la Commission de régulation de l'énergie vient d'être rendu et l'arrêté modifiant le tarif pour les installations existantes sera publié dans les prochains jours. (…) Si le dispositif actuel et les tarifs d'achat ne suffisent pas à développer la production de biogaz, nous lancerons des appels d'offres spécifiques". Le gouvernement met donc les gaz sur cette énergie renouvelable.