RÉACTION. La loi Elan rend opposable le diagnostic de performance énergétique à l'horizon 2021. Stéphane Prouzeau, vice-président de la Fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier (Fidi), répond aux questions de Batiactu, et revient sur des critiques formulées récemment sur son métier.

Après les propos tenus par un élu de l'association Amorce lors d'une récente conférence de presse, la Fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier (Fidi) a souhaité réagir. Il avait en effet été dit, sous forme de sarcasme, qu'en offrant un café à un diagnostiqueur immobilier, on pouvait gagner une classe de DPE. "Des propos de comptoir", regrette Stéphane Prouzeau, vice-président de l'organisation professionnelle, auprès de Batiactu. Qui estime que "le DPE a permis d'améliorer la transparence dans les transactions immobilières". Entretien.

 

Batiactu : Qu'a apporté selon vous le diagnostic de performance énergétique (DPE) ?

 

Stéphane Prouzeau : Les transactions immobilières ont gagné en transparence. Les notaires précisent d'ailleurs que la performance énergétique influe à 5% sur la valeur du bien. Nous avons aujourd'hui une véritable prise en compte, grâce au DPE, de la performance énergétique. Cet outil sert à mesurer cette performance, mais aussi à donner des pistes d'évolution pour améliorer la performance énergétique. Pour autant, tout n'est pas parfait, c'est pourquoi la Fidi a fait ses propositions pour fiabiliser le DPE [un chantier en cours, NDLR]. Mais ce diagnostic a permis une prise de conscience des professionnels, des bailleurs, des locataires.

 

Batiactu : Que proposez-vous pour améliorer le DPE ?

 

Stéphane Prouzeau : Nous souhaitons la suppression des DPE évalués par les consommations. Les propriétaires ne donnent pas toutes les factures, et la performance énergétique ne doit pas tenir compte des usages des occupants. De la même manière, nous proposons de supprimer les DPE vierges. Enfin, nous souhaitons qu'un seul type de rapport existe dans le cas d'un DPE. A notre connaissance, nous avons été entendus par les pouvoirs publics qui ont intégré ces pistes dans la future réforme instaurant l'opposabilité du DPE.

 

 

Batiactu : Souhaiteriez-vous aller plus loin ?

 

Stéphane Prouzeau : Oui, notamment en marquant la facture de l'occupant sur le DPE, mais aussi en indiquant son mode de vie. La différence entre la facture et le DPE peut sensibiliser à un éventuel problème énergétique, comme l'utilisation d'une vieille chaudière qui surconsomme. Par ailleurs, nous souhaiterions que les diagnostiqueurs puissent recommander avant tout des bouquets de travaux, en donnant à l'occupant un ordre de grandeur du prix. En effet, la performance énergétique est représentée par toute une chaîne de professionnels dont nous faisons partie.

 

Batiactu : Le DPE va devenir opposable en 2021, en vertu de la loi Elan. Qu'est-ce que cela va changer selon vous ?

 

Stéphane Prouzeau : Cela fera que si la diagnostiqueur s'est trompé, le propriétaire pourra évoquer un préjudice. Il faudra l'indemniser. De la même manière, un nouvel acquéreur pourra poursuivre le diagnostiqueur en cas de problème. Ce qu'il est important d'avoir à l'esprit, c'est que l'opposabilité n'est pas nouvelle pour nous. Dans le cas de l'amiante, par exemple, le diagnostic est opposable, c'est-à-dire que le juge peut demander au diagnostiqueur d'enlever l'amiante qu'il n'aurait pas détectée sur site. Nous sommes donc dans la continuité de notre activité.

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