Dans un texte en forme de réquisitoire, Marie-Noëlle Lienemann, ancien ministre, présidente de la Fédération nationale des sociétés coopératives dHlm, sinsurge contre la possible disparition du prêt à taux zéro.
En annonçant la remise en cause de son mode de financement privilégié (le prêt à taux zéro), le ministre Jean-Louis Borloo décrédibilise la cohésion sociale quil tente de mettre en oeuvre.
Mis en place par Pierre-André Périssol en 1995, le Prêt à taux Zéro (PTZ) a connu un indéniable succès et une certaine efficacité sociale permettant à de nombreuses familles qui ont une épargne très faible de se construire une maison ou dacheter un logement neuf. Depuis 9 ans, les taux dintérêt ont continuellement baissé et lEtat a toujours beaucoup gagné avec ce mécanisme. Les rentrées de TVA engendrées par les constructions neuves excèdent très largement le coût prévisionnel du PTZ comme lindiquent les études du ministère de lEquipement.
Il est possible que le couple Borloo-Sarkozy anticipe une hausse douloureuse des taux dintérêt en décidant de mettre fin à une aide peu coûteuse pour lEtat tant que les taux sont faibles. Cest une mauvaise raison car la dérive du coût du PTZ en cas de hausse de taux peut être facilement limitée avec les techniques financières actuelles de couverture.
Tuer le PTZ est un mauvais coup pour la politique du logement en France et pour laccession sociale à la propriété. Si une évolution était souhaitable elle devrait au contraire viser à mieux solvabiliser les accédants modestes en zone urbaine. Mais sa suppression et le pseudo remplacement par un crédit dimpôt est un coup dur pour les familles modestes qui espèrent devenir propriétaires de leur logement.
Le principal mérite du PTZ est dintervenir dès le début de lacquisition. Il permet au jeunes ménages et aux ménages modestes de justifier dun apport personnel. Le crédit dimpôt imaginé par les pouvoirs publics ne sera versé quaprès le prêt et le financement de lachat, rendant plus difficile, voire impossible, son déclenchement. Le taux deffort passe ainsi de 32 à 39 % pour un ménage disposant de 12 800 euros de ressources et achetant un logement de 105 000 euros. Autant dire que pour ces familles, lopération ne pourra plus se faire ! Le crédit dimpôt peut, sil est mis en place dès lacquisition (on imagine difficilement comment), faire baisser ce taux deffort mais cela ne durera que 5 à 7 ans selon les informations qui nous ont été fournies. Veut on relancer une machine à fabriquer du surendettement ?
Cette mesure, une fois de plus, touche les couches populaires et les salariés moyens. Après les gels de crédit pour le logement locatif social, viennent les coupes sombres pour laccession sociale.
A lheure où Jean-Louis Borloo veut nous faire croire à lélaboration dun plan de cohésion sociale (dailleurs largement critiqué et surtout «dégonflé» par le Conseil Economique et Social), il multiplie les mesures négatives qui touchent les plus modestes (gel des budgets de financement du locatif social, désolvabilisation par lAPL en juillet et suppression du PTZ maintenant !)
La suppression du PTZ sinscrit dans une logique générale de transfert de charges de lEtat vers les collectivités locales. On peut en effet sétonner du désengagement de lEtat en matière daccession sociale au moment où des collectivités locales se lancent dans la mise en place de financements complémentaires au PTZ.
Le mouvement est double : alléger les crédits de lEtat en matière de logement en tentant de transférer les charges aux collectivités locales et alléger les crédits en faveur des plus modestes au profit des classes sociales les plus aisées. Car au même moment où le gouvernement annonce la disparition du PTZ, il garde un silence total sur les coûts et effets spéculatifs du dispositif fiscal «de Robien», qui a réduit à létat de trace linvestissement locatif privé à vocation sociale. Ce produit coûte excessivement cher à lEtat et fabrique des logements qui ne correspondent pas à la demande de grande surface ni à une urbanisation durable. Il remplit les villes de studios et de petites surfaces en vue de procurer des économies dimpôts à ceux qui ont les plus gros revenus et qui nont ni besoin de se loger ni lintention de faire un usage social de leurs immeubles.
Nul ne croit que le PTZ sera remplacé par un système plus favorable à ceux qui nont pas les moyens dépargner. «Nous réfléchissons à un mécanisme plus large qui permettrait en quelque sorte d'élargir l'assiette et qui pourrait prendre la forme d'avantages fiscaux» indique le communiqué gouvernemental. En clair : «nous allons couper davantage daides publiques au logement pour ceux qui ne paient pas dimpôt ou ceux qui en paient très peu, les jeunes ménages, au profit de ceux qui dorment sur leur capital». Il faudrait ajouter : nous faisons cela au moment ou les prix sont si élevés quil est impossible de se loger pour la moitié de la population, et au moment ou il ny a plus de
logements locatifs Hlm disponibles pour lautre moitié.
Dailleurs, interrogé par lAFP, Pierre-André Perissol, linventeur de ce financement, a déclaré "le PTZ est une aide qui parle aux gens modestes, lisible et juste et qui a été un élément majeur pour assurer
la cohésion sociale dès son lancement". A cela jajouterai : le crédit dimpôt est un cadeau réservé, incompréhensible par 95% de la population, qui fait descendre lascenseur social au lieu de le faire monter.
Les choix gouvernementaux accroissent la crise du logement qui touche les jeunes, les couples divorcés, les millions de français qui ont besoin dun logement décent, adapté à leur vie familiale et abordable au regard de leur ressource.
Ils négligent la masse de celles et ceux qui rencontrent des difficultés à se loger en accumulant les cadeaux aux plus riches et aux spéculateurs. Ils obèrent gravement lavenir en substituant à des crédits budgétaires actuels des avantages fiscaux pour dans 5 ou 6 ans, donnant lillusion de régler les problèmes budgétaires de lEtat.
Une autre politique est indispensable inversant les priorités et relançant lengagement financier de lEtat au service du logement social en locatif comme en accession.
Accéder à la propriété est le puissant moyen de renforcer la cohésion sociale. Messieurs Borloo et Sarkozy ne cherchent rien dautre que la cohésion électorale, lun ratisse à droite, lautre à gauche.
Pendant ce temps ils sont daccord pour fermer les robinets.
Mis en place par Pierre-André Périssol en 1995, le Prêt à taux Zéro (PTZ) a connu un indéniable succès et une certaine efficacité sociale permettant à de nombreuses familles qui ont une épargne très faible de se construire une maison ou dacheter un logement neuf. Depuis 9 ans, les taux dintérêt ont continuellement baissé et lEtat a toujours beaucoup gagné avec ce mécanisme. Les rentrées de TVA engendrées par les constructions neuves excèdent très largement le coût prévisionnel du PTZ comme lindiquent les études du ministère de lEquipement.
Il est possible que le couple Borloo-Sarkozy anticipe une hausse douloureuse des taux dintérêt en décidant de mettre fin à une aide peu coûteuse pour lEtat tant que les taux sont faibles. Cest une mauvaise raison car la dérive du coût du PTZ en cas de hausse de taux peut être facilement limitée avec les techniques financières actuelles de couverture.
Tuer le PTZ est un mauvais coup pour la politique du logement en France et pour laccession sociale à la propriété. Si une évolution était souhaitable elle devrait au contraire viser à mieux solvabiliser les accédants modestes en zone urbaine. Mais sa suppression et le pseudo remplacement par un crédit dimpôt est un coup dur pour les familles modestes qui espèrent devenir propriétaires de leur logement.
Le principal mérite du PTZ est dintervenir dès le début de lacquisition. Il permet au jeunes ménages et aux ménages modestes de justifier dun apport personnel. Le crédit dimpôt imaginé par les pouvoirs publics ne sera versé quaprès le prêt et le financement de lachat, rendant plus difficile, voire impossible, son déclenchement. Le taux deffort passe ainsi de 32 à 39 % pour un ménage disposant de 12 800 euros de ressources et achetant un logement de 105 000 euros. Autant dire que pour ces familles, lopération ne pourra plus se faire ! Le crédit dimpôt peut, sil est mis en place dès lacquisition (on imagine difficilement comment), faire baisser ce taux deffort mais cela ne durera que 5 à 7 ans selon les informations qui nous ont été fournies. Veut on relancer une machine à fabriquer du surendettement ?
Cette mesure, une fois de plus, touche les couches populaires et les salariés moyens. Après les gels de crédit pour le logement locatif social, viennent les coupes sombres pour laccession sociale.
A lheure où Jean-Louis Borloo veut nous faire croire à lélaboration dun plan de cohésion sociale (dailleurs largement critiqué et surtout «dégonflé» par le Conseil Economique et Social), il multiplie les mesures négatives qui touchent les plus modestes (gel des budgets de financement du locatif social, désolvabilisation par lAPL en juillet et suppression du PTZ maintenant !)
La suppression du PTZ sinscrit dans une logique générale de transfert de charges de lEtat vers les collectivités locales. On peut en effet sétonner du désengagement de lEtat en matière daccession sociale au moment où des collectivités locales se lancent dans la mise en place de financements complémentaires au PTZ.
Le mouvement est double : alléger les crédits de lEtat en matière de logement en tentant de transférer les charges aux collectivités locales et alléger les crédits en faveur des plus modestes au profit des classes sociales les plus aisées. Car au même moment où le gouvernement annonce la disparition du PTZ, il garde un silence total sur les coûts et effets spéculatifs du dispositif fiscal «de Robien», qui a réduit à létat de trace linvestissement locatif privé à vocation sociale. Ce produit coûte excessivement cher à lEtat et fabrique des logements qui ne correspondent pas à la demande de grande surface ni à une urbanisation durable. Il remplit les villes de studios et de petites surfaces en vue de procurer des économies dimpôts à ceux qui ont les plus gros revenus et qui nont ni besoin de se loger ni lintention de faire un usage social de leurs immeubles.
Nul ne croit que le PTZ sera remplacé par un système plus favorable à ceux qui nont pas les moyens dépargner. «Nous réfléchissons à un mécanisme plus large qui permettrait en quelque sorte d'élargir l'assiette et qui pourrait prendre la forme d'avantages fiscaux» indique le communiqué gouvernemental. En clair : «nous allons couper davantage daides publiques au logement pour ceux qui ne paient pas dimpôt ou ceux qui en paient très peu, les jeunes ménages, au profit de ceux qui dorment sur leur capital». Il faudrait ajouter : nous faisons cela au moment ou les prix sont si élevés quil est impossible de se loger pour la moitié de la population, et au moment ou il ny a plus de
logements locatifs Hlm disponibles pour lautre moitié.
Dailleurs, interrogé par lAFP, Pierre-André Perissol, linventeur de ce financement, a déclaré "le PTZ est une aide qui parle aux gens modestes, lisible et juste et qui a été un élément majeur pour assurer
la cohésion sociale dès son lancement". A cela jajouterai : le crédit dimpôt est un cadeau réservé, incompréhensible par 95% de la population, qui fait descendre lascenseur social au lieu de le faire monter.
Les choix gouvernementaux accroissent la crise du logement qui touche les jeunes, les couples divorcés, les millions de français qui ont besoin dun logement décent, adapté à leur vie familiale et abordable au regard de leur ressource.
Ils négligent la masse de celles et ceux qui rencontrent des difficultés à se loger en accumulant les cadeaux aux plus riches et aux spéculateurs. Ils obèrent gravement lavenir en substituant à des crédits budgétaires actuels des avantages fiscaux pour dans 5 ou 6 ans, donnant lillusion de régler les problèmes budgétaires de lEtat.
Une autre politique est indispensable inversant les priorités et relançant lengagement financier de lEtat au service du logement social en locatif comme en accession.
Accéder à la propriété est le puissant moyen de renforcer la cohésion sociale. Messieurs Borloo et Sarkozy ne cherchent rien dautre que la cohésion électorale, lun ratisse à droite, lautre à gauche.
Pendant ce temps ils sont daccord pour fermer les robinets.