Lors du vote du Parlement européen relatif à un compromis visant à renforcer les règles de la directive de 1996 sur les travailleurs détachés, Marine Le Pen, qui ne cesse de réclamer sa suppression, a finalement choisi de s'abstenir et de ne pas voter contre. Explications.
C'est une information d'Alain Lamassoure, décryptée ce lundi sur les ondes de France Info, dans l'émission "Le vrai du faux". Le député européen a ainsi affirmé que Marine Le Pen s'était abstenue lors du vote, le 16 avril dernier, du renforcement de la directive relative aux travailleurs détachés.
Après vérification du journaliste, la présidente du Front national a bien tenu ces propos : "Je l'ai dit, je le redis solennellement. Renforcée ou non, la directive détachement est une bombe à fragmentation sociale terrifiante. Il n'y a qu'une solution, il faut supprimer ce texte, c'est pourquoi nous nous abstiendrons sur l'amendement de compromis, véritable escroquerie politique".
Ni pour ni contre
De fait, Marine Le Pen, malgré son opposition, n'a finalement pas voté contre ce texte. Invitée ce lundi sur la radio, elle déclarait : "Le texte qui a été passé visait à renforcer les contrôles contre les travailleurs frauduleux. C'est une bonne chose. Sauf qu'il continuait à admettre ces travailleurs détachés. Et ça, c'est inadmissible. Alors, quand un texte est profondément néfaste mais qu'il y a un amendement qui va plutôt dans le bon sens, et bien, on ne vote ni pour ni contre, on s'abstient".
Pour rappel, le compromis adopté il y a quelques jours a pour objectif d'améliorer la mise en œuvre de la directive de 1996 relative aux conditions des travailleurs détachés dans un autre pays de l'UE pour fournir des services pendant une période limitée. Il clarifie également les dispositions juridiques en fournissant aux 28 États membres une liste non exhaustive de critères leur permettant d'identifier si le détachement est avéré ou s'il constitue une tentative de contourner la législation, par exemple via la création de sociétés boîtes aux lettres dans des pays où les contributions sociales sont moins élevées qu'ailleurs dans l'Union européenne. Il comporte aussi une définition des "faux indépendants", un type d'abus qui exploite le fait que les indépendants ne sont pas soumis aux mêmes législations relatives aux conditions de travail. Enfin, les nouvelles règles responsabilisent davantage les entreprises donneuses d'ordres vis-à-vis de leurs sous-traitants, notamment dans le secteur du bâtiment, grâce à un mécanisme de responsabilité conjointe et solidaire obligatoire dans les 28 Etats membres.