Plus d'un an après son élection à la tête du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), Lionel Dunet réaffirme sa priorité : former les architectes au développement durable. Pour cela, le CNOA lance un DVD-Rom pour promouvoir les méthodes et les savoir faire de l'architecture durable. Explications avec son président.

A l'occasion de la diffusion d'un DVD-Rom sur le développement durable à 30.000 architectes, Lionel Dunet, le président du CNOA revient sur les enjeux de la formation au développement durable mais également sur les freins qui persistent.

 

Batiactu : Pourquoi lancer un DVD-Rom sur le développement durable ?
Lionel Dunet : Le but premier est de promouvoir et d'inciter à la formation. Nous voulons dans un premier temps que les architectes se forment aux connaissances de base concernant les solutions durables, mais nous souhaitons aussi encourager les architectes à développer et améliorer leurs connaissances et leurs compétences notamment techniques.

 

Batiactu : Que peut-on découvrir dans le DVD ?
L.D : Ce DVD-Rom est un état des lieux des démarches de développement de durable. Il s'attarde sur trois domaines, l'urbanisme, le bâtiment neuf et la rénovation, et propose quatre exemples de cas concrets : un concernant l'habitat, un sur la rénovation, un sur l'équipement et un sur la reconstitution. A cela s'ajoute, un guide méthodologique avec des fiches pratiques qui propose des informations pour s'orienter et savoir où s'adresser pour les formations. Enfin, nous avons intégré un quiz d'autoévaluation afin que les architectes puissent déterminer leur niveau de connaissances et voir où ils ont des lacunes.

 

Batiactu : La demande de formation est-elle croissante ?
L.D : Oui, il n'y a pas une formation qui ne soit pas pleine. On observe une énorme motivation. Ainsi, sur 30.000 architectes, environ 5.000 auraient déjà suivi une formation sur le développement durable. Même si le chiffre peut paraître faible, il faut prendre en compte que les architectes en font profiter leurs collaborateurs par la suite.
D'autre part, si les architectes restent pour l'instant sur des formations généralistes, celles plus spécifiques sont de plus en plus recherchées s'élargissant à des questions précises comme l'intégration des panneaux photovoltaïques. Cette tendance montre bien que l'on est en train de passer d'une phase adolescente à une culture du quotidien. D'ailleurs, dans cet esprit, nous sommes en train de travailler sur une plateforme internet qui permettra de partager, d'échanger sur des points techniques bien particuliers.

 

Batiactu : Comment voyez-vous l'architecture durable ?
L.D : Il s'agit surtout d'une approche globale. On a évidemment des aspects classiques : l'énergie, les matériaux, mais il faut également tenir de compte de l'aspect social et culturel. Le développement durable doit intégrer l'Homme.

 

Batiactu : Quels sont encore les obstacles à la généralisation du développement durable à tous les projets ?
L.D : Le frein principal reste budgétaire car les personnes qui programment les projets n'incluent pas le développement durable dans leur chiffrage. Il est vrai que le développement durable coûte cher, seule une partie peut être amortie et celle qui ne l'est pas est avant tout citoyenne. Il faudrait également s'appuyer sur des coûts globaux à 15 ans alors que bien souvent on demande le coût du bâtiment de suite et non pas sur le long terme. Dans l'esquisse, les maîtres d'ouvrage sont toujours d'accord pour des projets durables mais, au final, il n'en reste que 20%.

 

Batiactu : Les labels et autres normes vous aident-elles dans vos démarches ?
L.D : Non. Le label peut même parfois se révéler être un frein. Les normes en France reposent surtout sur ce qu'il faut faire et non sur les objectifs. Pour nous, il existe des milliers de manière de faire les choses et les normes nous limitent dans nos projets en nous laissant très peu de marges de manœuvre. Par exemple, les règles haute qualité environnementale peuvent être bloquantes. Ce qui nous intéresse avant tout, c'est le résultat final. Toutefois, il est vrai que pour certains promoteurs, le label peut être un moteur. Mais au final, ce sont l'objectif qualitatif et le résultat qui comptent le plus !

 

Batiactu : De même, vous aviez dénoncé les dérives notamment en matière d'urbanisme de la maison à 15 euros, où en est votre position ?
L.D : Même si l'on observe des grands progrès dans la Loi sur le logement, l'idée d'une maison à 15 euros est réductrice surtout si elle se fait au détriment de la qualité urbaine. La loi Boutin est axée sur des notions de quantité, mais pas forcément de qualité. Il y a aussi le problème du foncier car ces maisons se situent souvent loin des centres-villes, ce qui peut entraîner des ségrégations sociales mais également des dépenses supplémentaires en termes de transport (voitures). Si l'on avait une politique foncière rigoureuse et forte de la part des municipalités, le logement à 15 euros pourrait alors fonctionner.

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