RENCONTRE. Jacques Mézard est intervenu ce 6 juillet 2017 lors du congrès annuel de la Fédération des Promoteurs immobiliers. Le ministre de la Cohésion des territoires a dévoilé les priorités du gouvernement pour le logement.
Le ministre de la Cohésion des territoires a réservé l'une de ses premières apparitions publiques aux acteurs de la promotion immobilière, réunis pendant deux jours pour le congrès annuel de la FPI au musée du Quai Branly à Paris. En préambule, Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI a déclaré : "Nous nous félicitons de votre visite et plus particulièrement de votre nomination à la tête d'un ministère qui est élargi et qui inclus le logement". L'immobilier étant "une pierre angulaire de la cohésion de nos territoires", a-t-elle ajouté.
"Laissez-nous bâtir mieux, plus vite et moins cher", Alexandra François-Cuxac
Alexandra François-Cuxac demande au gouvernement de faire confiance aux acteurs de la promotion. "Laissez-nous bâtir mieux, plus vite et moins cher", a-t-elle lancé au ministre. "Les professionnels que nous sommes peuvent construire la ville de demain, à condition de pouvoir entreprendre, d'innover et de produire". Et pour cela, "nous avons besoin d'actes forts et pérennes". En 2016, les réservations de logements ont retrouvé leur niveau de 2010", a-t-elle rappelé, soulignant que ces dernières étaient également réparties entre l'accession et la location.
"Il nous faut maintenir le soutien de la demande, qui est à l'origine de ce regain, et l'inscrire dans la durée", a-t-elle ajouté. "Ce qui nécessite de soutenir l'investissement locatif qui est la clé de voûte de la production de logements. Le fragiliser reviendrait à fragiliser l'ensemble de la production de logements. Ne cassons pas la dynamique qui est à l'œuvre par des décisions précipités. N'oublions pas que si l'investissement locatif coûte à l'Etat 1,6 milliard d'euros, il lui en rapporte 2,2 milliards. "Alors que les Français continuent de privilégier la pierre pour investir, flécher encore davantage leur épargne vers l'immobilier serait positif et vertueux", estime Alexandra François-Cuxac.
"Le logement souffre déjà d'une fiscalité écrasante", Alexandra François-Cuxac
Concernant justement la fiscalité, "il ne faut pas se voiler la face", "la dette est élevée" et "nous ne pouvons pas continuer comme ça", a déclaré Jacques Mézard annonçant que "des arbitrages seront faits sur le budget 2017". Mais lorsqu'on lui demande s'il estime que les dispositifs d'investissement locatifs coûtent trop cher par rapport à ce qu'ils rapportent, Jacques Mézard se refuse à répondre. Une question restée donc en suspens alors que des promoteurs présents dans la salle auraient bien aimé avoir une réponse.
Pourtant, pour la présidente de la FPI, parce que "le logement souffre déjà d'une fiscalité écrasante", "il faut éviter une révision de l'ISF qui ne concernerait que l'immobilier" a-t-elle argumenté. "J'ai attiré son attention pour ne pas faire de mauvaises économies", nous a confié Alexandra François-Cuxac à l'issue de cette rencontre. Elle insiste : "Je rappelle que sur l'investissement locatif et le dispositif Pinel qui fait beaucoup parlé de lui et qui a largement aidé le secteur de la construction à sortir de la crise, ce dispositif est vertueux financièrement".
"Nous avons besoin de constructeurs, de promoteurs", il "convient donc de vous faciliter le travail", Jacques Mézard
Concernant le logement, le ministre de la cohésion des territoires a souhaité donné sa vision. Il entend "faciliter l'acte entrepreneurial" car "nous avons besoin de constructeurs, de promoteurs". Il admet qu'il "convient donc de vous faciliter le travail". Pour autant, s'il sera en accord avec eux pour certaines questions, il a tenu a préciser qu'il pourrait "ne pas toujours être d'accord avec leurs demandes". Dans les priorités premières du gouvernement, il y a la volonté de "sortir notre pays des blocages qui sont les siens", a-t-il déclaré. "Nous croyons qu'il est possible de faire bouger les choses, de libérer et de protéger. Ce qui veut dire qu'il faut donner confiance et rassembler".
Très attendu sur la question de la simplification, le ministre a confirmé que le gouvernement souhaitait simplifier car "c'est un enjeu important" mais a prévenu que "cela ne va pas se faire en huit jours". "L'ordre a déjà été donnée aux administrations de travailler à cette simplification", a-t-il rassuré. "Avec votre aide nous allons le faire sur le droit des sols et sur tous les domaines de la construction", a précisé le ministre.
Innovations : "la France doit être en avance et exemplaire"
Sur les recours, Jacques Mézard a dit son intérêt et son attention pour "punir ces recours abusifs", qu'il juge "scandaleux". Toutefois, il a fait remarquer que dans tous ces recours, "il n'y avait pas que des brigands" et que parfois ces recours "soulèvent des questions qui n'ont pas été étudiées en amont". Et d'annoncer : "Nous sommes en train de nous en occuper pour trouver des solutions".
"Votre venue est d'autant plus importante que nous vivons un moment particulier qui a vu s'opérer des mutations spectaculaires" "qui ne semblent épargner aucun secteur d'activité", s'est réjouie alexandra François-Cuxac. Des mutations de notre société qui étaient d'ailleurs le thème central de ce congrès annuel de la FPI. "Les promoteurs s'y adaptent déjà, ils s'adaptent aux besoins de nos concitoyens", a précisé la Présidente de la FPI soulignant que "pour y répondre, cela demande une anticipation de tous les instants".
Jacques Mézard est conscient que ces innovations sont très présentes dans le domaine de la construction. Il a d'ailleurs annoncé qu'il mènera une politique valorisant l'innovation "parce qu'elles sont un moyen de favoriser le lien social, de faire des économies dans la gestion courante et de faire baisser les charges dans les logements", et parce qu'il y a un "besoin de trouver de nouveaux matériaux de construction, et d'en faciliter la recherche". Il a aussi rappelé l'importance de travailler au développement de réseaux intelligent (smart grid) car "la France doit être en avance et exemplaire dans ce domaine". Pour cela, "nous ferons le maximum pour vous y aider et nous le ferons ensemble", a-t-il conclu. "Jacques Mézard n'était pas là pour faire des propositions", nous a confié la présidente de la FPI rappelant que des rencontres avec le ministre étaient prévues prochainement.