Les courbes métalliques et les néons colorés de la façade donnent un signal fort dans le quartier : l'école de la deuxième chance doit s'installer fin janvier dans ses nouveaux locaux, dans le nord de Paris. Le cabinet d'architectes Palatre et Leclerc a choisi d'accompagner ces élèves en les installant dans un bâtiment lumineux et fluide, «à valeur positive». Visite.

La transformation même du bâtiment semble être une métaphore de l'activité qu'il abritera bientôt : dans le XVIIIe arrondissement de Paris, des anciens bureaux de la SNCF en mauvais état ont été transformés en une école lumineuse de la deuxième chance. Cet établissement s'adresse à 140 jeunes âgés de 18 à 25 ans, et pour qui l'école n'a pas été un succès. Pendant une formation de neuf mois à un an, ils apprennent à maîtriser les savoirs de base (lire, écrire, compter, utiliser l'informatique…) et découvrent le monde du travail via des stages en entreprise. L'école de la deuxième chance doit les aider à comprendre et assimiler les mécanismes de la société dans laquelle ils se trouvent.

 

L'architecture comme outil pédagogique
Pour l'équipe d'architectes Palatre et Leclere, l'objectif principal était donc «d'installer les jeunes dans un bâtiment à valeur positive». Du bâtiment original, ils n'ont gardé que les quatre murs et certaines poutres, encore visibles et mises en valeur au dernier étage de ce R+2. Un lieu de rassemblement, vaste et lumineux, a été créé près de l'escalier central. La lumière y afflue de toute part, puisque de nouvelles ouvertures ont été créées à l'intérieur, créant respirations et fluidité au sein du bâtiment. Pas de salles de classe formelles, mais plutôt des espaces d'échanges avec, au milieu, de grandes tables autour desquelles se retrouver. «Ces élèves ne veulent plus venir dans le système scolaire classique. Il s'agit plutôt d'accompagnement», précise Olivier Palatre.

 

L'articulation des lieux a effectivement été pensée en ce sens. Les différentes pièces, ainsi que les circulations, sont à dominantes blanches avec des touches colorées, apportant une dynamique tout en créant une signalétique. «Nous avons pris le parti de faire quelque chose de très clair, en espérant que les lieux seraient respectés», confie Olivier Palatre. «Cela fait aussi partie de l'apprentissage. Ces élèves ont été en échec, et pour une fois, on les met dans des locaux qui ont été travaillés. C'est déjà une forme de mise en valeur, et cela pourra servir d'outil pédagogique».

 

Coursives et néons
Mais la réflexion des architectes ne s'est pas limitée qu'à l'intérieur du bâtiment. L'habillage extérieur offre un signal doux et coloré pour s'intégrer dans le quartier et le parc attenant, tout en y apportant une valeur ajoutée. «Nous devions insérer un escalier de secours pour des raisons de sécurité incendie. Nous avons donc choisi de le mettre sur la façade donnant sur le jardin, afin de donner un atout au projet», explique Olivier Palatre. Les coursives permettent en effet d'ajouter un lieu de rencontre ou de détente, sans agrandir le bâtiment et tout en donnant une identité visuelle au projet.

 

Des courbes métalliques recouvrent ces escaliers et coursives, qui servent à la fois de décoration et de garde-corps. Un réseau de tubes néons colorés, mis en place avec Franck Frajou, concepteur lumière, vient compléter ce dispositif. Ainsi, la façade sera illuminée chaque soir. «La façade peut être vue comme une intervention artistique, visible par les riverains et les passants du jardin Eole. C'est un choix délibéré d'apporter un élément architectural fort, souvent absent de ces quartiers», indiquent les architectes.

 

Elèves et formateurs investiront l'école de la deuxième chance à la fin du mois de janvier.

 

 

Fiche technique

 

Bailleur : Ecole de la deuxième chance
Maitre d'ouvrage : Ville de Paris
Maître d'ouvrage délégué : SLA 18 - Section locale d'architecture du 18e arrondissement
Maître d'œuvre : Palatre et Leclerc Architectes
Superficie : 660 m2 SHON
Coût des travaux : 1,6 million d'euros HT
Délai : 10 mois
BETC : Cotec
Plasticien de l'environnement nocturne : Franck Franjou
Entreprise générale : FARC
Courants forts, courants faibles : SEEB
Chauffage, ventilation, plomberie : Dembeley
Serrurerie : Métalerie de l'Authion
Menuiserie intérieure : PAM
Penture : TP décor
Fraçade lumineuse : TLB

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R+2

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Le bâtiment rectangulaire de 22x9 m sur trois niveaux appartenait auparavant à la SNCF.

Plan

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Pas de salles de classe formelles mais plutôt des espaces d'échanges avec au milieu de grandes tables autour desquelles se retrouver.

Chantier

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Les travaux ont duré dix mois, et les élèves doivent prendre possession des locaux fin janvier.

Blanc

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Les différentes pièces, ainsi que les circulations, sont à dominantes blanches avec des touches colorées, apportant une dynamique tout en créant une signalétique.

Lumière

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly

Escalier

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Un lieu de rassemblement, vaste et lumineux, a été créé près de l'escalier central. La lumière y afflue de toute part, puisque de nouvelles ouvertures ont été créées à l'intérieur, créant respirations et fluidité à l'intérieur du bâtiment.

Couleurs

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly

Restructuration lourde

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
L'opération a nécessité une restructuration lourde du bâtiment existant avec la suppression des planchers, d'une partie des murs porteurs, de la couverture, de l'ensemble des équipements techniques, ainsi que la restauration complète des façades et le changement des menuiseries.

Courbes métalliques

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Des courbes métalliques recouvrent ces escaliers et coursives, qui servent à la fois de décoration et de garde-corps sur les escaliers extérieurs.

Coursives

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
«Nous devions insérer un escalier de secours pour des raisons de sécurité incendie. Nous avons donc choisi de le mettre sur la façade donnant sur le jardin, afin de donner un atout au projet», explique Olivier Palatre. Les coursives permettent en effet d'ajouter un lieu de rencontre ou de détente, sans agrandir le bâtiment et tout en donnant une identité visuelle au projet.

Néons colorés

Ecole de la 2e chance
Ecole de la 2e chance © Luc Boegly
Un réseau de tubes néons colorés, mis en place avec Franck Frajou, concepteur lumière, vient créer un signal fort.