AMÉNAGEMENT. Selon une information du Parisien, le projet de surélévation de la Tour Montparnasse, mené par l'équipe d'architectes de Nouvelle AOM, a fait l'objet de deux recours gracieux par des associations de défense du patrimoine.
Sa version originelle ne faisait déjà pas l'unanimité, pas plus que sa restructuration à venir. Les associations Monts14 et Sites et Monuments ont distinctement déposé un recours gracieux contre le projet de surélévation de la Tour Montparnasse en espérant que la maire de Paris, Anne Hidalgo, revienne sur le permis de construire signé au mois de juillet.
"On peut totalement revoir ce projet d'autant que la partie surélevée censée accueillir une serre de production agricole, doit aussi contenir la machinerie des ascenseurs, avec un mètre de terre seulement, on est vraiment dans un gadget écologique urbain", déplore Julien Lacaze, vice-président de Sites et Monuments auprès de Batiactu. Curieux clin d'oeil de l'Histoire, il a récemment retrouvé un numéro de la revue dédiée à la défense du patrimoine datée de 1965. En Une, une esquisse de la Tour Montparnasse sous-titrée: "un projet qui se passe de commentaires".
Réunis au sein de l'agence Nouvelle AOM, les architectes Franklin Azzi et les couples de Chartier&Dalix et d'Hardel-Le Bihan avaient remporté en 2017 le concours visant à concevoir une nouvelle peau pour la Tour Montparnasse, inaugurée en 1973. Exit les vitres teintées, place à la transparence, même si les verres fumés distinctifs seront réemployés en second œuvre ou en ameublement. Voulu comme "une tour passive", l'édifice devrait réduire sa consommation énergétique à 100 kWh/m²/an contre 500 actuellement. Une serre agricole doit enfin couronner le nouveau toit de la tour, surélevée de 22 mètres.
Une "verrue" dans le paysage parisien
C'est bien à cet ajout que s'opposent les associations Sites et Monuments et Monts14. La seconde, qui avait déjà déposé des recours contre la Tour Triangle, avait lancé une pétition en juin dernier contre le projet de surélévation de la Tour Montparnasse, recueillant plus de 200 signatures à ce jour. Pour son président Patrice Maire, ce nouvel aménagement est "purement folklorique". "Ça ne peut pas être une serre, au vu du prix du m², cela paraît ridicule par rapport aux paysans qui disparaissent peu à peu de la région parce que leurs terres ne valent plus grand chose. Cela fait beaucoup d'argent dépensé pour produire quelques tomates", critique-t-il auprès de Batiactu.
Autre aspect qui nourrit l'opposition: la surélévation et son impact sur l'horizon parisien. "On veut végétaliser cette tour pour la rendre plus sympathique, mais cela signifie de la surélever et cela accentuera son impact déjà très négatif", relève Julien Lacaze. La pétition lancée par Monts14 décrit "une verrue" dans le paysage parisien, qui masquerait les vues sur l'esplanade des Invalides ou les Berges de Seine si elle venait à être allongée.
Sur le fond, l'association Sites et Monuments ne se montre pas hostile à un projet remanié privilégiant toujours la végétalisation, dès lors que cela reste "à gabarit constant", plaide Julien Lacaze. Le vice-président estime toutefois que les travaux de désamiantage menés sur la tour, "auraient pu être l'occasion d'une remise à plat pour repenser tout l'îlot. Écrêter la tour, densifier en partie basse , mieux répartir les mètres carrés sur le parvis".
Si les deux associations ont émis deux recours gracieux distincts, celles-ci se disent prêtes à s'unir pour un recours contentieux. L'édile parisienne a deux mois pour se prononcer, mais pour Patrice Maire, la surélévation de la Tour Montparnasse sera indéniable "un sujet de la campagne municipale".