COLERE. La fédération nationale des Offices Publics de l'Habitat (OPH) poursuit avec force sa mobilisation contre la réforme du Gouvernement pour le logement social. Tant que l'article 52 du PLF 2018 ne sera pas retiré, elle entend convaincre l'ensemble des acteurs du logement social à faire front.
Tous mobilisés plus que jamais. Tel est le message qu'ont tenu à faire passer l'OPH et PLS et plusieurs de ses adhérents, présents ce mercredi 18 octobre 2017, lors d'une réunion. Devant une salle comble, le président Alain Cacheux a immédiatement donnée le ton : "Si nous réclamons le retrait de l'article 52 du projet de loi de finances pour 2018, c'est parce que nous l'avions bien étudié et qu'il n'est pas compensable". Il poursuit : "il nous propose des solutions pour l'investissement alors même que la ponction des APL s'applique dès 2018".
Si cet article venait à être appliqué, la fédération prévient : "122 offices et 82 ESH seraient en déficit dès 2018". A tour de rôle, plusieurs acteurs du logement social ont témoigné de leur situation et des conséquences d'une telle mesure. Tous dénoncent un "manque à gagner colossal" qui pénaliserait leurs finances et ne leur permettrait plus de mener des opérations sur leur parc qu'ils s'agissent de constructions, de réhabilitions ou même d'entretiens. "Les recettes des loyers servent à investir", insiste l'un d'eux. Selon cet adjoint au maire de Strasbourg, "dès 2018, ce serait 1.900 logements en moins de construits dans sa région". Et alerte aussi sur le fait que "le NPRU serait fortement impacté car les bailleurs seront alors incapables de démolir et de reconstruire". Ce texte aurait un "effet domino", selon lui, et pourrait également impacté la promotion privée. Christian Dupuy, Maire de Suresnes (92), indique d'ailleurs avoir suspendu depuis le 10 octobre, tous les projets de développement et de renouvellement urbains.
"C'est tout le modèle HLM qui est remis en cause", Stéphane Peu, député de Seine-Saint-Denis
Pour Stéphane Peu, député de Seine-Saint-Denis, c'est "une double peine pour les locataires". Si les bailleurs ne peuvent plus investir, cela revient "à condamner le parc HLM à se dégrader", estime-t-il évoquant l'impact sur la réhabilitation thermique mais aussi sur les entreprises du bâtiment. "C'est tout le modèle HLM qui est remis en cause", se désole le député du groupe de la Gauche démocrate et Républicaine à l'Assemblée nationale.
Un point de vue partagé par une autre élue, de droite cette fois, la sénatrice des Alpes-Maritimes Dominique Estrosi-Sassonne. Elle craint également que le parc vétuste ne puisse être rénové faute de moyens. Elle demande d'ailleurs la création d'un groupe logement au Sénat qui rassemblerait tous les partis afin "de constituer une position commune sur le sujet". "Nous aurons alors plus de force pour nous opposer au projet de loi de finances 2018" et au fameux "article 52", argumente-t-elle.
Au-delà de cet article 52, créant la réduction de loyer de solidarité, la "cagnotte" évoquée par le chef de l'Etat lors de son interview dimanche sur TF1 a été, à de nombreuses reprises, évoquées. C'est un sujet qui fâche les bailleurs. Alain Cacheux se dit "surpris qu'on analyse la capacité de richesse d'une organisme à sa trésorerie " et fait valoir que "dans cette trésorerie, il y a des choses auxquelles les bailleurs ne peuvent pas toucher comme par exemple les dépôts des locataires ou les provisions pour les grosse réparation".
"La messe n'est pas dite", Alain Cacheux, président de l'OPH
"Nous allons affronter cette épreuve", assure Alain Cacheux. Et pour ce faire, le président de l'OPH compte bien mobiliser le plus grand nombre. Il annonce donc que tous les présidents des offices vont écrire à leurs prestataires (architectes, entreprises du bâtiment...) "pour leur expliquer les conséquences que cela aura pour eux dès 2018". De la même manière, les élus seront davantage sensibiliser. Ils le sont déjà, note-t-il faisant référence aux récentes mobilisations et notamment celle de lundi à Grigny (91). "La messe n'est pas dite", prévient Alain Cacheux car selon lui "le sujet prend de l'ampleur et dépasse l'enjeu des HLM".
En attendant, le président de l'OPH se dit prêt à dialoguer avec le Gouvernement lorsque cet article 52 sera retiré. "Pour le moment, on ne nous parle que des compensations [...]on nous fait des propositions d'amélioration au niveau de l'investissement mais en réalité sur le plan de l'exploitation, les choses vont se détériorer", rapporte-t-il. Et de conclure : "Le moment venu, lorsque l'article 52 sera retiré, et à ce moment-là seulement, nous ferons des propositions pour apporter notre contribution à la réduction des déficits".