En cas de détachement provisoire sur le territoire français d'un travailleur dont l'employeur est établi hors de France, celui-ci doit appliquer plusieurs dispositions issues de la législation française. Parmi ce « noyau dur » qui vise à lutter contre le dumping social, est visé le respect des salaires minimaux. Un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 12 février 2015 vient de définir la notion de « salaire minimal » applicable aux salariés détachés.
Détachement de travailleurs : obligation de respecter « le noyau dur » de la législation française
Les entreprises établies à l'étranger qui détachent provisoirement du personnel sur le territoire français sont tenues de respecter plusieurs dispositions issues de la législation française.
Sont notamment concernées par ces dispositions :
- les entreprises établies à l'étranger qui détachent provisoirement du personnel dans le cadre d'une prestation de service (ex : contrat de construction d'un bien immobilier, que celui-ci soit conclu en sous-traitance ou non) ;
- les entreprises de travail temporaire étrangères qui détachent du personnel en France.
Ces entreprises qui détachent des travailleurs étrangers sont tenues de respecter un certain nombre de dispositions issues de la législation française, notamment en matière de :
- libertés individuelles et collectives dans la relation de travail ;
- exercice du droit de grève ;
- durée de travail, repos compensateurs, jours fériés ;
- salaire minimum et paiement du salaire, y compris les majorations pour heures supplémentaires ;
- règles relatives à la sécurité, la santé, l'hygiène et la surveillance médicale ;
- discrimination et égalité professionnelle ;
- etc.
Précision sur la notion de salaire minimal apportée par la CJUE
Dans un arrêt du 12 février 2015, la CJUE a apporté plusieurs précisions sur la notion de salaire minimal.
La CJUE rappelle tout d'abord que cette notion est fixée d'une part, par les dispositions législatives ou règlementaires du pays d'accueil et d'autre part, par les conventions collectives d'application générale devant être respectées par toutes les entreprises d'un même secteur ou relevant du champ territoriale desdites conventions.
Le mode de calcul du taux du salaire minimal et les critères retenus à son sujet sont également du ressort de l'Etat membre d'accueil. En ce sens, selon la CJUE, il est tout à fait possible de calculer le salaire minimal à l'heure et/ou à la tâche, à condition que ce calcul et ce classement soient effectués selon des règles contraignantes et transparentes.
Cela signifie que les accords collectifs signés par les partenaires sociaux du BTP en matière de salaires minimum conventionnels sont pleinement applicables aux entreprises étrangères détachant du personnel en France.
S'agissant des congés payés, la CJUE précise que l'indemnité de congés payés versée aux salariés détachés pour la durée minimale des congés payés annuels payés doit correspondre au salaire minimal auquel les salariés peuvent prétendre durant la période de référence.
Dans une autre mesure, la CJUE relève que l'octroi d'une indemnité journalière aux salariés du pays d'accueil visant à compenser les inconvénients liés au détachement fait partie du salaire minimal et doit en conséquence être versée à l'ensemble des salariés détachés.
Le même raisonnement est adopté en ce qui concerne l'indemnité de trajet, la CJUE considérant que cette indemnité doit faire partie du salaire minimal dans la mesure où elle indemnise le trajet quotidien effectué par les travailleurs pour se rendre sur leur lieu de travail et en revenir.
A l'inverse, la prise en charge du logement des travailleurs ou le versement d'une allocation prenant la forme de bons d'alimentation, dès lors qu'ils constituent un remboursement de frais occasionnés par le détachement, ne font pas partie du salaire minimal.
CONSEIL TISSOT
Cette décision de justice aura un impact certain sur les entreprises étrangères détachant du personnel sur le territoire Français. Au vu des sanctions encourues en cas de non-respect de ces dispositions, il sera nécessaire d'exercer une vigilance accrue sur les offres à prix cassés pouvant être proposées par des entreprises étrangères détachant du personnel en France.
Cette décision de justice aura un impact certain sur les entreprises étrangères détachant du personnel sur le territoire Français. Au vu des sanctions encourues en cas de non-respect de ces dispositions, il sera nécessaire d'exercer une vigilance accrue sur les offres à prix cassés pouvant être proposées par des entreprises étrangères détachant du personnel en France.
Si c'est vous qui détachez des salariés à l'étranger, certaines obligations s'imposent à vous. Pour en savoir plus, nous vous conseillons notre documentation « Schémas et tableaux commentés du BTP ».
Selon la législation française, l'entreprise étrangère doit également effectuer une déclaration de détachement auprès de la DIRECCTE du lieu où s'effectue la prestation.