Une start-up héraultaise a développé un biomatériau permettant de fabriquer des profilés et des renforts de menuiseries. Présentant des caractéristiques intéressantes, comme le pouvoir isolant du PVC et la résistance mécanique de l'aluminium, ce composite biosourcé réduit l'impact environnemental des produits qui l'utilisent. Explications avec Michel Maugenet, le président d'Innobat.

La fibre de lin est-elle l'avenir de l'écoconstruction ? Michel Maugenet, le fondateur d'Innobat en est certain. "J'avais une entreprise de serrurerie-métallerie à Montpellier. Est venue l'idée de développer un nouveau matériau, d'origine naturelle, qui combinerait les avantages mécaniques de l'aluminium et les performances d'isolation du PVC, tout ceci afin de réaliser des profilés de menuiserie", explique celui qui est également président de la start-up. L'innovation se trouve donc à la croisée de deux technologies, l'aspect biomatériau et la formulation de résine thermodure biosourcée, afin de réduire l'impact environnemental des produits.

 

L'aventure Ecorenfort a donc été initiée à la fin de 2009, avec véritablement le début des travaux au début de 2010. "Au mois de mars 2011, nous avons sorti un prototype de profilé en matériau composite de fibre de lin qui nous a permis de démontrer qu'il avait les performances thermiques et mécaniques attendues", explique Michel Maugenet. La société Innobat reçoit donc la distinction "JEC Innovation Awards 2011" dans la catégorie "Matériaux biosourcés". La création de la start-up héraultaise est donc présentée aux industriels de la menuiserie et reçoit un accueil favorable. "Les gammistes étaient intéressés mais ils trouvaient que c'était du trop long terme", poursuit le président. D'autant que tous les procédés auraient nécessité un vaste travail de ré-industrialisation.

 

Intérêt des professionnels du PVC
Ce sont donc les professionnels du PVC qui y ont vu une solution d'avenir pour remplacer les renforts en acier présents dans les menuiseries. Ces derniers pèsent lourd et abaissent les performances thermiques des profilés, un véritable problème au moment où la nouvelle RT 2012 entre en vigueur. "Notre matériau peut remplacer ces renforts, sans ponts thermiques !", estime Michel Maugenet. D'où une première mise en œuvre, avec une production en petite série à la fin du mois d'août 2012 et une commercialisation débutée au mois d'octobre suivant.

 

Mais pourquoi le lin ? "Une filière industrielle de la fibre de lin existe déjà en France pour le textile", explique le président d'Innobat, "ce qui nous garantit des volumes de production, de qualité et de traçabilité". La plante, qui pousse en France - essentiellement en Flandre, Pas-de-Calais, Picardie, Normandie et Bretagne - est donc une ressource agricole locale, qui ne rentre pas en compétition avec des cultures vivrières. Au contraire même, le lin se cultive en rotation avec d'autres espèces de plantes afin de purifier les sols. Et il ne nécessite ni arrosage, ni excès de produits phytosanitaires. La transformation des fibres de lin, qui est effectuée en Chine où part la majorité de la production française avant de revenir sous forme de tissus, resterait donc sur le territoire national et permettrait de garder sa valeur ajoutée sur place.

 

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