Et si les algues migraient des fonds marins vers le milieu urbain ? L'idée a germé chez Ennesys, start up française, qui a imaginé un procédé visant à recouvrir des immeubles de photo-bioréacteurs afin d'améliorer leurs performances énergétiques.
Les pratiques de construction évoluent et les savoir-faire en matière de récupération d'énergie aussi. L'objectif est de minimiser l'empreinte écologique des bâtiments. Selon la RT2020, tous les bâtiments publics construits en France après 2020 devront se conformer à de nouvelles normes d'efficacité énergétique. Afin de répondre à ce défi environnemental, Ennesys, une start-up francilienne, a développé une technologie qui permet à la fois de traiter des eaux usées tout en produisant de l'hydrogène et de la biomasse, tout ceci directement sur des bâtiments. Comment ? En utilisant du phytoplancton (algues microscopiques, voir illustration) dans des photo-bioréacteurs installés sur la façade des immeubles. Une solution qui présente de nombreux avantages.
Un démonstrateur en septembre
Mais ce n'est pas tout. Les algues présentent une valeur énergétique comparable à celle du charbon. En fixant du CO2, les micro-organismes fournissent une fraction lipidique et une fraction sèche : 10.000 m² de panneaux permettraient la production de 150 tonnes d'algues par an, soit 70 tonnes de biocarburant - utilisable dans un générateur - et des résidus secs qui pourront à leur tour être brûlés afin de fournir de la chaleur ou de l'électricité. Selon un modèle théorique d'Ennesys, un bâtiment de 84.000 m² (un grand complexe ou 600 logements) équipé du système pourrait générer 200 kWh/m²/an, une source d'énergie loin d'être négligeable.
Afin de faire la démonstration de l'efficacité de sa technologie, Ennesys devrait installer un système sur les murs de ses propres locaux, à Nanterre, d'ici à septembre. « Nous avons été activement soutenus par l'Epadesa ! », souligne Jean-Louis Kindler. Les machines permettant de séparer eau clarifiée et algues ont d'ailleurs été livrées par son partenaire et équipementier américain, OriginOil, qui développe les composants dédiés à la culture et la récolte des micro-algues. La société française, qui se positionne en développeur de systèmes complets, aurait quatre contrats en vue, dont un avec « un grand promoteur » pour un gros bâtiment tertiaire dans les Hauts-de-Seine : un marché potentiel de 3 millions d'euros. Une levée de fonds de 5 M€ auprès d'investisseurs serait également espérée d'ici à 2013, afin de passer à un stade industriel et de développer la société à l'international. Avec la technologie de photo-bioréacteurs en façade, l'expression « bâtiments verts » prendra alors tout son sens.