Si la fédération anticipe une baisse limitée de 1,5 % de la demande, la situation pourrait être bien plus grave si les difficultés d'accès au crédit persistaient. La mise en place du dispositif « Bâle 3 » interdit désormais aux banques d'amortir le choc en jouant sur leurs fonds propre, comme elles l'avaient fait en 2008. En outre, le démantèlement de Dexia amplifierait encore le phénomène.
Des investissements en panne
Deux lignes de crédit de 3 et 2 milliards d'euros ont été débloquées par la Caisse des dépôts. Cependant, les banques, devant relayer ces crédits, n'ont pas répondu à l'adjudication. Des collectivités ayant signé des ordres de service pour la réalisation de travaux pourraient ne pas être en mesure de payer sans emprunter. En 2012, les besoins de financement non satisfaits des collectivités locales pourraient atteindre les 7 milliards d'euros (avec un chiffre correspondant à un maintien de l'emprunt au niveau de 2010). Le Gouvernement souhaite une reprise des activités de Dexia par le nouveau pôle public, porté par la Caisse des dépôts et la Banque postale. Mais l'ensemble ne sera pas opérationnel rapidement.
Si les 7 milliards d'euros de financement n'étaient pas satisfaits, le secteur des travaux publics serait impacté lourdement, à hauteur de 10 % de son activité, ce qui entraînerait la disparition de 30.000 emplois. Aussi, le FNTP demande-t-il des mesures d'urgence : « Que le fonds d'épargne de la Caisse des dépôts soit mis à contribution. Cela aura le mérite de détendre le marché et de permettre aux collectivités d'emprunter le volume dont elles ont besoin, à un coût raisonnable », plaide Patrick Bernasconi. « La future Agence de Financement des Collectivités Locales devra, comme toutes les banques, avoir une gestion très prudente de ses engagements ; elle ne pourra que partiellement compenser l'insuffisance structurelle de l'offre de crédit ».
Pour un observatoire de l'état des infrastructures
La FNTP déplore que l'état des infrastructures se dégrade : le pays dispose d'un patrimoine particulièrement riche, estimé à 2.000 milliards d'euros. Mais 80 % seraient vieillissants et nécessiteraient un renouvellement. Les réseaux ferrés, routiers, électriques, se détériorent, induisant des problèmes récurrents. Aussi, la fédération a-t-elle demandé à la ministre de l'Ecologie, la mise en place d'un observatoire de la qualité de service des infrastructures. Des indicateurs d'usage des infrastructures régionales seraient mis en place avec les Cellules économiques de la construction puis consolidés au niveau national. Le suivi de ces indicateurs (provenant de la DATAR, des services publics d'eau et d'assainissement, de la CRE, etc.) serait réalisé annuellement.